mercredi 25 janvier 2012

ELO#87 - Johnny Otis et Etta James, RIP...


Mercredi 25 janvier 2012

Mort de Johnny Otis à 90 ans le 17 janvier 2012, encore un géant, moins connu que les autres car il n'était pas sur le devant de la scène, mais connu quand même parce que derrière la scène depuis très longtemps, et derrière les plus grands, qu'il a découvert (Hank Ballard, Esther Philips, Big Mama Thornton, Little Richard, les Coasters, Etta James, Jackie Wilson...), et pour qui il a écrit et produit de fabuleux moments de musique noire, jazz, blues, rock, rythm and blues, soul, funk...

Grec d'origine et mat de peau comme on peut le voir sur la photo ci dessus, ses voisins noirs croyaient qu'il était l'un des leurs, un peu métissé, et il n'a jamais quitté leur monde musical, au point de ne plus se souvenir qu'il n'en n'était pas... A côté de la musique, il a aussi fait un peu de politique avec les démocrates américains... Le voici dans l'un de ses seuls tubes, Willie and the Hand Jive en 1958 (que vous connaissez peut-être par Eric Clapton?).

Il est surtout à l'origine des premiers tubes de Little Esther (avec qui il jouait encore trente ans plus tard, sous le nom de Esther Phillips), Big Mama Thornton, Little Richard ou Etta James.

Cette même Etta James qui vient de mourir, à 73 ans, le 20 janvier, trois jours après Johnny Otis qui l'avait découverte et l'avait fait chanter il y a près de 60 ans, alors qu'elle avait 14 ans et lui avait fait connaître la scène, les tournées, le succès, l'alcool, le sexe, la drogue (un peu comme avec Little Esther quelques années auparavant). A l'inverse de Johnny Otis, Etta James arborera longtemps des perruques blondes provocatrices, comme en témoigne déjà la photo ci dessus, prise en 1955, à l'époque où elle fréquente l'orchestre de Johnny Otis... Mais sa carrière prend vraiment son envol un peu plus tard, lorsqu'elle signe sur la maison de disque Chess où elle connaîtra ses plus grand succès mérités.

Ce qui me plait au delà de tout chez Etta James, c'est qu'à l'instar des autres chanteuses de soul de cette époque, elle chante des chansons parfois sirupeuses, parfois dansantes, mais toujours avec sa voix rauque de chanteuse de blues. Même dans ses premiers tubes comme Pushover, qui datent d'avant la soul, à l'époque "doo wop", sa voix contraste avec celle de ses contemporaines, ce n'est pas une voix de petite fille, et quand elle affirme quelque chose, on la croit! Cette voix rauque séduit tellement qu'on lui fait chanter chaque chanson, 6, 10, 20 fois, jusqu'à ce qu'elle soit épuisée et en colère: c'est là que sa voix sonne le mieux!

Alors bien sûr, son premier grand tube, le slow At Last, marquera les esprits et accumulera les reprises, mais il est à mon avis loin, très loin de lui permettre de montrer son talent autant qu'elle le fera par la suite. La grande qualité de ce slow, comme celle de nombre de ses titres, est sa durée. Ils sont si courts, toujours moins de 3 minutes, qu'on en sort frustrés et qu'on en redemande, on veut le ré-écouter 2, 3, 4 fois et on ne s'en lasse pas, on aimerait que ça dure des heures.

En 1964 elle publie un disque live, Etta James Rocks the House. Je ne comprends pas qu'il ne soit pas plus donné en exemple. On cite toujours James Brown comme le premier artiste à avoir pressenti l'intérêt du disque live, avec son fameux Live at the Appolo de 1963. Sauf que, pour moi qui suis pourtant un énorme fan de James Brown et qui adore par dessus tout ses disques live, le premier "Appolo" de 1963 est surtout une curiosité historique, mais l'un de ses disques que j'écoute le moins. A l'inverse, Etta James Rocks the House est fabuleux de la première note jusqu'à la dernière, elle, ses musiciens, le public, tout est excellent. D'ailleurs, elle chante de la soul, mais aussi de bons vieux blues de Jimmy Reed, Ray Charles, BB King, Willie Dixon, d'autant qu'à l'époque elle n'a pas encore beaucoup de tubes à son crédit sauf Something's Got a Hold on Me qu'elle a co-écrit et qui ouvre l'album.

Après cette date, elle enchaîne les tubes (au sens de morceaux indémodables qui mériteraient d'être des tubes, mais son plus grand succès au "Top 50" est Tell Mama, avec une modeste 23ème place...), enchaînant les morceaux rapides, comme l'hymne de toutes les fêtes In the Basement, en duo avec Sugar Pie de Santo, ou les blues comme I Prefer You. Le sommet est atteint entre 1967 et 1968, lorsqu'elle enregistre à la Mecque de la soul de l'époque (Muscle Shoals), avec les meilleurs musiciens possibles et un groove irrésistible: Tell Mama, Security, I Got You Babe, You Got It, Do Right Woman, Do Right Man, et l'un des plus beaux slows de tous les temps: I'd Rather Go Blind.

Je ne dis pas qu'après, ce qu'elle a fait n'a aucun intérêt, et au contraire on trouve ici ou là de très belles pépites, y compris encore récemment alors que sa voix est dégradée par tous ses excès (exemple avec ces reprises de The Sky Is Crying de Elmore James en 2004 et de It's a Man's Man's World de James Brown en 2006), mais c'est quand même à la décennie 1960-1970 qu'on revient toujours...

Une petite sélection qui, si ce ne sont pas nécessairement les meilleurs choix à mon avis, démontre l'étendue du talent d'Etta James en une heure et 18 vidéos...
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Al Green, dans le plus beau costume de toute l'histoire de la musique soul, et son émule, Barack Obama.

Une incroyable vidéo de 10 minutes tournée dans les studios de Stax et de Fame en 1969, avec Brook Benton (la chanson est la très rare She Knows What To Do For Me), Eddie Hinton, Booker T and the MGs, Steve Cropper, Duck Dunn, Al Jackson, Isaac Hayes (au Baryton!), The Emotions (la chanson est So I Can Love You). A l'origine, c'est un extrait de l'émission de télé A l'affiche du monde du 19 avril 1969.

Une nouvelle version acoustique dans une chambre d'hôtel pour Lovin You Baby de Charles Bradley.

Gloria Gaynor, Chaka Khan, les Pointer Sisters, Sister Sledge et quelques autres ont participé au défilé d'Etam lingerie. Voici donc une vidéo qui donne un nouveau sens à l'expression We Are Family par les Sister Sledge.

Une playliste d'une demi heure en l'honneur de Martin Luther King:
Bobby Porter - Let's Make That Dream Come True
James Chapman - In Memory of Dr. Martin Luther King
Solomon Burke - It's Been a Change
The Impressions - We're a Winner
George Perkins & The Silver Stars - Crying In The Streets
Roy C. - Open Letter to the President
James & Bobby Purify - Section C
The Staples Singers - Long Walk to D.C.
Willie Hightower - Time Has Brought About a Change
Kim Weston - Lift Ev'ry Voice and Sing
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Ca résiste au Maroc. Des nouvelles du rappeur Lhaqed (auteur de Mgharba Iqu = Marocains, réveillez vous!):
http://solidmar.blogspot.com/2012/01/maroc-ces-rappeurs-qui-enervent.html
http://www.youtube.com/watch?v=0Sv5W7yx7Ds

Des militants libanais veulent et obtiennent que Lara Fabian annule ses concerts après son concert pro-israélien:
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=11691
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=11693

A partir du 25 janvier, dans plusieurs cinémas à Paris et dans toute la France: le festival "Cinéma Tahrir, la révolution continue". Le programme:
http://egyptesolidarite.wordpress.com/2012/01/19/cinema-tahrir-demandez-le-programme/

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