dimanche 31 août 2014

ELO#177 - Gaza 2014: les artistes s’expriment



Dimanche 31 août 2014

Gaza 2014: musiciens, cinéastes et dessinateurs s’expriment
Campagne BDS France, Le Courrier (Genève), le 26 août 2014

La Campagne internationale de Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) fait le point sur les artistes qui, tous domaines confondus, participent au boycott culturel des institutions israéliennes.

Comme à chaque reprise des bombardements sur Gaza, de nombreux musiciens ne veulent plus voir leur image tachée de sang et préfèrent annuler leurs concerts en Israël. Sans aucun commentaire politique, Neil Young, Paul Anka, Lana del Rey, Cee Lo Green, Wyclef Jean, Kelis, Femi Kuti, Terence Blanchard et les groupes Backstreet Boys, America, Megadeth ou Brian Jonestown Massacre ont annulé leurs visites prévues cet été, pour un total de pertes de 15 millions d’euros (18 millions de francs suisses) pour les promoteurs israéliens (1). Seule Sinéad O’Connor, qui avoue avoir reçu des promoteurs israéliens des propositions financièrement très avantageuses, a eu le courage d’affirmer sa sympathie pour le sort des Palestiniens, et d’accompagner son refus d’une demande de sanctions sur les autorités israéliennes (2).

Le silence habituel des artistes est le résultat des tentatives grandissantes de criminaliser la campagne de Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) contre Israël. En effet, les musiciens craignent les conséquences financières qu’une annulation pour motifs politiques peut leur faire encourir. Des pressions se sont également exercées sur celles et ceux qui ont exprimé, sur leurs pages web ou leurs comptes twitter, leurs émotions face aux massacres à Gaza (Mia Farrow, Madonna, Rihanna, Anoushka Shankar, John Legend, Bryan Adams, Ayelet Waldman, Selena Gomez, Zayn Malik...). Souvent suivies de réponses haineuses, d’injures ou de menaces, les artistes ont parfois été conduits à retirer leurs messages d’internet (3).

On ne peut alors qu’admirer l’intégrité et l’abnégation de ceux qui prennent la peine de s’exprimer sur le sujet en faveur des Palestiniens. Cette année encore, on a retrouvé les habitués du genre, comme Massive Attack, Roger Waters, Peter Gabriel, Brian Eno, Ken Loach, Angela Davis, Naomi Klein, Eduardo Galeano ou Henning Mankell. Ils ont été rejoint par Eddie Vedder, du groupe Pearl Jam, qui s’en est pris à l’armée israélienne pendant un concert (4), ou par Krist Novoselic, ancien bassiste du groupe Nirvana, qui l’a soutenu dans une lettre publiée sur son site web à la suite des réactions hostiles. Une vidéo montée par le collectif Freedom For Palestine a rassemblé une quarantaine de personnalités pour soutenir la Palestine, dont certaines inattendues, comme le rappeur Chuck D du groupe Public Enemy, les réalisateurs Jonathan Demme et Mira Nair, ou les auteurs Tony Kushner et Eve Ensler (5).

Des pétitions plus classiques ont recueilli les signatures des musiciens Nick Cave, Michel Bühler, Pascal Auberson, Serge Teyssot-Gay ou Silvio Rodriguez, des chorégraphes Gilles Jobin et La Ribot, mais aussi de nombreux artistes de cinéma comme le réalisateur espagnol Pedro Almódovar, le couple Javier Bardem et Penelope Cruz (diffamé au point de devoir contester par voie de presse l’accusation d’antisémitisme) ou encore les Suisses Jean-Luc Godard et Alain Tanner (6), le Finlandais Aki Kaurismäki, l’Iranien Asghar Farhadi, le Coréen Park Chan-Wook...

A la suite de la campagne, l’an dernier, contre le sponsoring du Festival de bande dessinée d’Angoulême par la société israélienne Sodastream, les dessinateurs et graphistes sont également en pointe de la solidarité avec la Palestine. Ainsi, outre les dessinateurs Zep et Cosey, signataires de la déclaration de solidarité des 600 acteurs culturels de Suisse avec la Palestine, le projet américain Handala Has a Posse (7) offre des dessins à la campagne BDS, et le projet français Humaginaire (8) publie des affiches de solidarité avec Gaza. Enfin, un collectif français est né, Artistes pour la Palestine, qui vise lui aussi à mettre des œuvres à la disposition ou au bénéfice du mouvement de solidarité avec la Palestine (9). Parmi les premiers signataires de ce manifeste, on trouve le peintre Ernest Pignon-Ernest et le dessinateur Jacques Tardi.

La plupart des demandes de ces musiciens, cinéastes ou dessinateurs ne visent que le respect du droit international, la fin des bombardements et du blocus sur Gaza, l’arrêt de livraisons d’armes à Israël par les gouvernements occidentaux et, plus généralement, la fin de l’occupation qui rend impossible toute solution juste à long terme. Elles visent également à convaincre leurs collègues artistes de rejoindre le boycott culturel des institutions israéliennes, de préférence en s’exprimant publiquement sur le sujet de la Palestine. Mais même silencieuses, ces annulations en masse ne peuvent que faire réfléchir les artistes qui reçoivent des invitations à jouer en Israël: mieux vaut les décliner aujourd’hui plutôt que d’avoir à les annuler péniblement plus tard. C’est également ainsi que progresse la campagne de boycott culturel d’Israël: comme une lame de fond (10).
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Musique et Gaza


Le premier morceau composé pour Gaza 2014, intitulé Boycott Israel, est l'oeuvre du rappeur vétéran Norvégien Don Martin, avec pour invités le rappeur Péruvien-Americain Immortal Technique, Eltipo Este de Cuba, le Sud-Africain Tumi et le Français Tonto Noiza, chacun chantant dans sa langue. A la fin, on entend l'extrait d'un discours de la célèbre écrivaine indienne Arundhati Roy, prononcé en septembre 2002:


Et d'autres:

La Palestine Pleure du Sang, par SLM, un petit groupe de rap francais:


Nakba, par Hamza, un jeune et talentueux rappeur de Lille:


Raise Your Head High, par Mohamed Assaf, le jeune chanteur de Gaza devenu superstar internationale après voir gagné le concours télévisuel Arab Idol, puis être devenu ambassadeur de bonne volonté de l'UNRWA:


Climbing Fences: The Occupation Song, par Sonia Montez:

Au festival de jazz de Marciac, un groupe d'artistes a fait une intervention sur la scène du off, en soutien à Gaza:
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Musique et Palestine: Samih el-Qasim


Mort de Samih el-Qasim, le 19 aout dernier. Moins connu que Mahmoud Darwish, il a aussi donné des poèmes qui ont contribué à soulever les foules en faveur des Palestiniens, aidé par leurs mises en musique, souvent par Marcel Khalife. Ainsi, son poème Muntasib al-Qamati Amshi est un véritable hymne, plus connu sous le nom Ana Amchi (Je Marche), qu'on trouve sur l'album Dreamy Sunrise de Marcel Khalife (1985):

Je Marche

Le corps droit je marche, tête haute je marche
Dans ma main un rameau d'olivier et sur mon épaule mon cercueil
Comme j'ai marché et marché, mon coeur est une lune rouge
Mon coeur est un jardin plein de lycium et de basilic
Mes lèvres sont un ciel où il pleut parfois le feu et parfois l'amour


Un autre, qui résonne si fort qu'il semble provenir directement de Gaza, Rubbama (Peut-être), plus connu sous le nom Saoukawem (Je résisterai), chanté par Julia Boutros (je n'ai pas trouvé de vidéo):

Je résisterai

Tu me dépouilleras peut-être du dernier pouce de ma terre
Tu jetteras peut-être ma jeunesse en prison
Tu éteindras peut-être toute lumière dans ma vie
Tu me priveras peut-être de la tendresse de ma mère
Tu pilleras peut-être l'héritage de mes ancêtres
Tu brûleras peut-être mes poèmes et mes livres
O ennemi du soleil
Je jure que je ne marchanderai pas
Et jusqu'à la dernière pulsation de mes veines
Je résisterai.


Et un dernier: Mort, je ne t'aime pas

Mort, je ne t'aime pas
Mais je ne te crains pas
Et je sais que mon corps est ta couche
Et mon esprit ton couvre-lit
Je sais que tes berges me sont étroites
Mort, je ne t'aime pas
Mais je ne te crains pas.


Lire aussi cet article:
« Mort, je ne t'aime pas » - dernier poème de Samih al-Qasim
Patrick Strickland, The Electronic Intifada, le 26 août 2014
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Palestine: que faire à part le boycott?


Les crimes d’Israël devant la CPI: Nous sommes près du but; ce qu’il reste à faire
Gilles Devers, le 9 août 2014

Renforcée par cette pétition que vous pouvez signer:

Ca saigne à Liège Airport comme à Gaza 
Les Liliths, le 26 Août 2014

Signez aussi la pétition de soutien à Alain Pojolat, poursuivi pour avoir organisé la manifestation interdite de soutien aux Gazaouis:

Compilation d'appels en soutien à Gaza sur le site de l'AURDIP:
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Etats-Unis


Sur les émeutes raciales aux Etats-Unis, un petit choix de trois articles, dont celui de notre ami Quadru:

Ferguson: comment la police américaine s'est militarisée
Jamelle Bouie, Slate, le 14 août 2014

De notre correspondant sur le front de la guerre sociale aux Etats Unis
Serge Quadruppani, le 15 août 2014

Ferguson: une survivante de l'Holocauste, de 90 ans et pro-palestinienne, arrêtée lors d'une manifestation 
Le Point, le 19 août 2014
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James Brown


Le film (Get On Up) sort à la fin du mois de septembre, mais je l’ai vu en avant-première, et je dois dire que j’ai été très déçu. Les décors et les costumes sont magnifiques, mais le scénario et les dialogues ne sont pas très bons, un peu caricaturaux, à l’américaine, avec trop d’importance donnée à des détails de sa vie privée rendus parfois artificiellement sensationnels.

Musicalement en revanche, c’est un plaisir, avec la plupart des scènes de concerts historiques doublées par la voix de JB lui même, mais il y a quelques morceaux de gospel où il est (très bien) doublé par la voix de Lee Fields. A propos de stars de la musique, c’est Dan Aykroyd qui joue son manager, Jill Scott qui joue la femme de JB, Aloe Blacc l’un de ses guitaristes et Dexter Allen l’un de ses bassistes…

Un extrait du film:

How To Pronounce James Brown:

How To Pronounce Soul:

Des vidéos rares sur le site officiel de James Brown:

James Brown, 4h de mix:

Reprise de Bobby Rush, the Roots et Dan Aykroyd, I'll Go Crazy:

Reprise de Janelle Monae et Stevie Wonder, I Feel Good:


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Autres musiques


Morts en juillet du guitariste de blues Johnny Winter et en août, dans un tout autre genre, de Pierre Vassiliu. Pour la peine, on s'écoute En Vadrouille à Montpellier qui, à l'époque, était sorti en 45 tours, mais pas sur un album. Et correction pour le mois dernier, ce n'est pas Teenie Hodges mais Skip Pitts qui jouait sur le disque de Bernard Lavilliers...

Fontella Bass et Bobby McClure, Don't Mess with a Good Thing (1965):


Al Green avec... Sacha Distel, A Shadow of her smile (1973):

Prince avec Lianna La Havas, Clouds:

Janelle Monae, Electric Lady:


Janelle Monae, Dance Apocalyptic, Live dans la rue à Brooklyn pour Pepsi:


Macy Gray, Bang Bang:

Macy Gray, Stoned:


Ledisi, Pieces of Me, Live dans la rue à la Nouvelle Orléans:

Saun and Starr, Hot Shot:


Deux titres acoustiques de Candi Staton à la radio:



L'album de Candi Staton en entier, :

Erykah Badu essaye de passer à la télé:

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Des concerts récents

Bettye Lavette à Paris, le 14 juillet 2014:

Bettye LaVette à Londres le lendemain, Like a Rock, mais surtout comment elle traite les connards:


Stevie Wonder et Gregory Porter à Jazz à Juan:


1h30 audio de la Daptone Review aux Eurockéennes 2014 (commencer à la 80eme minute):

North Sea 2014:

Porretta 2014: