mercredi 31 octobre 2012

ELO#125 - Terry Callier


Mercredi 31 octobre 2012

Terry Callier est mort samedi dernier. Inventeur d'une musique soul - folk jouée à la guitare sèche et doté d'une voix magnifique, son heure de gloire n'a duré que deux ans, entre 1972 et 1974, où il a enregistré trois excellents disques Occasional Rain (qui contient mon morceau préféré de lui, Ordinary Joe, mais aussi le très beau Lean On Me...), What Color is Love et I Just Can't Help Myself. Avant cela, il avait enregistré un premier disque en 1964 (avec Spin, Spin Spin qui évoque déjà You Goin' Miss Your Candyman), et s'était fait connaître en écrivant des chansons pour les autres (The Love We Had Stays On My Mind, pour les Dells). Après cela il a encore sorti deux bons disques jusque Turn You To Love en 1978, puis il a connu 20 ans de silence!

Génial inventeur, compositeur, chanteur, apprécié de ses pairs, Terry Callier ne vend pas énormément. Sa première maison de disque essaye d'élargir sa clientèle avec une des pochettes les plus belles que je connaisse, contre l'avis du chanteur. Finalement elle jette l'éponge, comme le fera la suivante après seulement deux disques...

Il est revenu au goût du jour grace aux rappeurs éduqués qui samplaient sa musique, tels que les anglais de Urban Species dans leur tube (avec MC Solaar) Listen, en 1994, qui contient un extrait de You Goin' Miss Your Candyman de 1973. Ils l'invitent même sur leur disque suivant en 1998 pour deux titres, Religion and Politics et Changing Of The Guard. Il reprend alors la route, enregistre des disques et donne de très beaux concerts où sa voix est intacte, comme en témoigne cette ènième version de You Goin' Miss Your Candyman dans les années 2000:



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Siné:

Sur son blog:
http://www.sinemensuel.com/zone-de-sine/
http://www.sinemensuel.com/dessins/

Dans Libé:
http://www.sinemensuel.com/revue-de-presse/liberation/

Dans l'Express:
http://www.lexpress.fr/actualites/1/economie/le-dessinateur-sine-evoque-sa-leucemie-et-revient-sur-son-existence_1181433.html

Dans rue89:
http://www.rue89.com/2012/10/31/meme-presque-mort-sine-bande-encore-236685
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Musique et actualités américaines:

Une pensée pour les victimes haïtiennes de l'ouragan Sandy, avec cette version de We Shall Overcome par Bruce Springsteen en 2010:


Une petite pensée aussi pour Asbury Park, New-Jersey, en état de catastrophe naturelle, avec cette chanson de 1973 de son artiste plus plus célèbre, le même Bruce Springsteen, et dont le titre complet est 4th of July, Asbury Park (Sandy):


Enfin, un titre (assez mauvais) de Stevie Wonder en l'honneur d'Obama: Keep Moving Forward
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Flamenco:

Dans le fameux texte de sa conférence "Jeu et Théorie du Duende" (1933), Federico Garcia Lorca essaye de définir le duende, cet instant de grâce décrit par les amateurs de flamenco, cet esprit qui viendrait prendre le contrôle de certaines maisons, selon son étymologie "dueno de la casa", et que Lorca différencie de l'inspiration de la muse, ou du toucher de l'ange. En voici un extrait:

"Un jour, la chanteuse andalouse Pastora Pavôn, La Niña de los Peines, sombre génie hispanique, d'une capacité de fantaisie équivalente à celles de Goya ou de Rafael el Gallo, chantait dans un petit cabaret de Cadix. Elle jouait de sa voix d'ombre, de sa voix d'étain en fusion, de sa voix couverte de mousse des bois, et elle l'emmêlait dans sa chevelure ou elle la trempait dans du vin de manzanilla, ou elle la perdait dans des labyrinthes obscurs et très lointains. Mais rien ne se passait; pas le moindre effet. Le public ne réagissait pas.

Il y avait là Ignacio Espeleta, beau comme une tortue romaine, à qui l'on a demandé une fois: "Comment se fait-il que tu ne travailles pas?" ; et lui, avec un sourire digne d'Arganthonios, avait répondu : "Comment voulez-vous que je travaille, alors que je suis de Cadix?"

Il y avait aussi Elvira la Caliente, putain aristocrate de Séville, descendante directe de Soledad Vargas, qui en 1930 n'avait pas voulu se marier avec un Rothschild parce qu'il n'était pas à la hauteur de son sang. II y avait les Florida, que les gens croient bouchers, mais qui en réalité sont des prêtres millénaires qui continuent de sacrifier des taureaux à Géryon, et dans un coin, il y avait l'imposant éleveur Don Pablo Murube, avec son air de masque crétois. Pastora Pavôn avait fini de chanter au milieu du silence. Alors un petit homme seul, et plein de sarcasme, un de ces petits bonshommes qui sortent tout à coup en dansant des bouteilles d'eau-de-vie, a dit tout bas: "Vive Paris!", comme pour dire "Nous, on n'est pas là pour du savoir-faire, de la technique, ou de l'habileté. On veut autre chose."

Alors, La Niña de los Peines s'est levée comme une folle, pliée en deux comme une pleureuse médiévale, et elle a avalé d'un trait un grand verre d'anis de Cazalla, brûlant comme le feu, et là elle s'est rassise pour chanter sans voix, sans souffle, sans nuances, la gorge en flammes, mais... avec duende. Elle avait réussi à tuer tout l'échafaudage de la chanson pour laisser place à un duende furieux et dévastateur, ami des vents chargés de sable, qui poussait les gens de l'auditoire à déchirer leurs habits, presque selon le rythme des Noirs antillais de rite lucumi, quand ils se les arrachent pelotonnés devant une statue de sainte Barbe. La Niña de los Peines a dû se déchirer la voix parce qu'elle savait que les plus fins connaisseurs l'écoutaient, qu'ils ne voulaient pas de formes mais la moelle des formes, de la musique pure qui réduit le corps à ce qu'il faut pour rester en suspens. Elle a dû appauvrir son savoir-faire et son assurance; donc, elle a dû éloigner sa muse et demeurer sans défense, pour que son duende vienne et qu'il daigne se battre à mains nues. Et il faut voir comment elle a chanté! Sa voix ne jouait plus, sa voix était un flot de sang, digne, par sa douleur et sa sincérité de s'écarter comme une main à dix doigts sur les pieds cloués mais pleins de tourmente, d'un Christ de Juan de Juni.

L'arrivée du duende implique toujours un changement radical sur toutes les formes. Sur des terrains anciens, il donne des impressions de fraîcheur totalement inédites, et une qualité de création nouvelle, de miracle, qui parvient à produire un enthousiasme presque religieux.

Dans toute la musique arabe, danse, chanson ou élégie, l'arrivée du duende est saluée d'énergiques "Allah, Allah!", "Mon Dieu, mon Dieu!", si proches du "Olé!" des corridas que personne ne sait s'il s'agit de la même chose, et dans tous les chants du sud de l'Espagne, l'apparition du duende est suivie de cris sincères "Viva Dios!", "Dieu soit loué!", cri profond, humain, tendre cri d'une communication avec Dieu par le biais des cinq sens, grâce au duende qui agite la voix et le corps de la danseuse; évasion réelle et poétique de ce monde, aussi pure que celle qu'avait réussie l'excellent poète du XVIIème siècle, Pedro Soto de Rojas à travers sept jardins ou celle de Jean Climaque par une tremblante échelle de larmes.

Naturellement, quand cette évasion est réussie, tout le monde en ressent les effets; l'initié en voyant de quelle façon le style vient à bout d'une matière pauvre, et l'ignorant, dans le je-ne-sais-quoi d'une authentique émotion. Il y a des années, dans un concours de danse à Jerez de la Frontera, une vieille de quatre-vingts ans l'a emporté sur de belles femmes et des jeunes gens cambrés comme de l'eau, par le seul fait de lever les bras, relever la tête, et taper du pied sur la petite estrade, mais dans l'assemblée de muses et d'anges qu'il y avait là, beauté de formes et beauté de sourires, la victoire devait revenir, et elle est revenue à ce duende moribond qui laissait traîner par terre ses ailes aux couteaux rouillés."

Pour écouter de qui il parle, voici une Seguiriya déchirante, El Corazon de Pena, de la Nina de los Peines...
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Agenda:

Mobilisation-réquisition de 100 000 logements vacants, tout de suite:
http://droitaulogement.org/category/cp100/

Face à la multiplication des interdictions de tracter et pétitionner sur les marchés
http://portail.netoyens.info/menacesurlagora/index.php

Non à la venue de Benyamin Netanyahu en France: rassemblement mercredi 31 octobre 2012 à 18h30, place de l'opéra Paris

mercredi 24 octobre 2012

ELO#124 - Saidou poursuivi!

Mercredi 24 octobre 2012

Dix-sept octobre 2012. Cinquante-et-un ans après, le président de la république française François Hollande reconnaît la « sanglante répression » d'une manifestation d'Algériens à Paris qui s'était soldée, selon les historiens, par quelques centaines de morts, sous la responsabilité de la police du Général de Gaulle et de son préfet Maurice Papon. Il est apparemment plus facile de s'excuser un demi siècle après les faits, puisqu'on apprend que, le même jour, l'affaire Ali Ziri, du nom de cet Algérien de 69 ans mort en 2009 après une interpellation « musclée » par la police de Nicolas Sarkozy, aboutit à un non-lieu. La plainte pour outrage à agent déposée contre son ami, un autre Algérien sexagénaire arrêté le même soir, elle court toujours!!!

On apprend aussi que, ce même jour encore, Saïdou, le chanteur du groupe ZEP, et Saïd Bouamama, sociologue, viennent d’être mis en examen pour « injures, discriminations et incitations à la haine raciale » (le fameux "racisme anti-blancs"), proférées dans un livre-disque sorti en 2010. Cet ouvrage, Nique la France - Devoir d’Insolence posait des questions simples telles que « pourquoi Michel peut-il dire qu'il n'aime pas le drapeau et pas Mohamed? » ou « pourquoi Aragon peut-il écrire "je conchie la France impérialiste" et pas Saïdou? ». L'origine maghrébine des « deux Saïds » pose encore la question de l'héritage post-colonial de la France...

Dans un entretien, Saïd Bouamama en profite pour répondre simplement au débat débile sur le « racisme anti-blanc »: "Le FN et Copé mélangent deux choses : d'un côté, les réactions individuelles de quelques jeunes de quartiers minoritaires qui existent, de l'autre un racisme structurel et institutionnel qui fait que tu as 30% moins de chances de trouver un boulot quand tu t'appelles Mohamed ou Mamadou. Le but étant d'invalider l'anti-racisme. On observe le même phénomène pour délégitimiser les féministes : certains prétendent qu'il faut un mouvement « hommiste » pour défendre les hommes battus. Comme si on pouvait comparer les deux."

Le livre incriminé comportait également une série de portraits de personnes connues et inconnues qui tendaient le majeur, en signe d'insolence. Parmi celles ci, le dessinateur Siné qui, depuis son lit d'hôpital, s'indigne d'une telle mise en examen et prévient: « je suis prêt à fournir un tas de dessins violemment antifrançais que j'ai publiés en diverses occasions. Siné, Français de souche, mais pas de cœur! »

A propos de Siné, il me prévenait récemment au téléphone "si la moelle est atteinte, il y a deux risques possibles: la méningite, c'est à dire que le cerveau est atteint, ou alors ce sont les couilles qui sont atteintes". Il avait l'air d'hésiter entre les deux, en rigolant...

Et pour les abonnés au site de Libé:
http://www.liberation.fr/societe/2012/10/22/une-bonne-leucemie-de-derriere-les-fagots-pour-sine_855157
http://www.sinemensuel.com/revue-de-presse/liberation/
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Quant à Plantu, s'il n'a pas directement comparé l'actuel président vénézuelien Chavez et l'ex-dictateur chilien Pinochet... il laisse quand même échapper un: "Pinochet, qui a été un dictateur également ..." (alors que Chavez, à la différence de Pinochet, a toujours été régulièrement élu, et qu'il a même été chassé du pouvoir par un putsch). Et quand Paola Martinez Infante, journaliste chilienne, l'interrompt pour rappeler que "Chavez n'a pas 3.400 morts sur son dos. Pinochet oui.", Plantu rétorque : "Ecoutez quand on voit la violence qui existe à Caracas et quand on voit les sbires qui travaillent pour Chavez dans les rues de Caracas. Il faudra qu'on fasse un bilan un jour. Bien sûr"...
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Encore un excellent numéro de Fakir que celui de Septembre-Novembre 2012

Bien que sévère et déprimant, le constat est implacable sur la crise du poulet Doux: la gauche ne comprenant rien à la détresse des paysans ne leur propose pas les bonnes solutions et n'a aucune chance de les séduire comme ça...

Encore un reportage édifiant dans les centres d'appel en Tunisie.

Toujours aussi intéressantes les archives historiques pour comprendre les avancées et les aléas, inattendus, lors de la création de la Sécurité Sociale.

Des petites histoires très émouvantes, celle d'Athacia au Gabon et celle de Carole et Angela à l'hôpital.

La note de lecture de ce numéro est consacrée à un livre de notre cher Étienne Liebig!

Et une initiative moins futile qu'il n'y parait: faire chier les entreprises lors de leurs AG...
http://www.fakirpresse.info/Denoncez-votre-patron,468.html

Et dans les citations de bas de page, j'ai bien aimé celle ci des frères Goncourt: "Les enfants sont comme la crème: ce sont les plus fouettés qui sont les meilleurs!"
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Une mise au point:

L'association Kokopelli ne cautionne strictement pas la page "Kokopelli" sur Facebook. Facebook, et autres "réseaux sociaux" virtuels, constituent des instruments privilégiés pour la CIA et autres agences de surveillance globalistes (...) Et nous ne cautionnons pas plus la page Wikipedia sur Kokopelli: un chef d'oeuvre de désinformation, de mensonges, de références à de pseudo-journalistes au service de la mafia de l'agro-chimie... et de fautes d'orthographe (...) Nous réitérons notre avertissement quant aux pétitions qui circulent sur internet : Kokopelli n'en cautionne aucune (...) Avaaz est une organisation de l'opposition contrôlée, contrôlée et créée par Ricken Patel qui fut consultant pour l'ONU, la Fondation Rockefeller, la Fondation Bill Gates... et qui a, par exemple, fait campagne en 2011 pour la "no-fly zone" au-dessus de la Libye et qui est donc complice des criminels qui ont "libéré" la Libye en massacrant 50 000 civils Libyens sous les bombes "libératrices" à uranium appauvri. Ces organisations ne sont que des usines à pétitions dont la mission est de collecter des adresses e-mails et, tout comme Facebook, de ficher les militants. Restons vigilants.
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Agenda:

Samedi 27 Octobre 15h Place du Palais Royal: Marche des réquisitions, à l'appel du Droit Au Logement, de Albert JACQUARD, Mgr GAILLOT et Josiane BALASKO, pour demander à Cécile Duflot et au gouvernement le lancement en urgence d’un plan de mobilisation/réquisition de 100 000 logements vacants appartenant à l’état, aux HLM, aux sociétés et aux riches particuliers, afin de loger 300 000 personnes sans logis, prioritaires DALO et mal logées.
http://droitaulogement.org/marche-des-requisitions-samedi-27-octobre-2012/

Vendredi 2 novembre à partir de 20.45 sur France O: Nuit de la soul Spéciale Soul Train. Aline Afanoukoé fait revivre les grandes heures de Soul Train, suivies des live de Charles Bradley (La Cigale), de Melody Gardot (Jazz à Vienne) et de James Brown (Live at Montreux).
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Musique:

Un super rap de Mokless avec Olivier Besancenot en guest, On s'habitue à tout, paroles tout en bas:


Wade in the Water par Kicca en acoustique sur France Inter:


Ya Thalama El Sijni (L'Obscurité de la Prison), un très beau morceau interprété par la Jordanienne Macadi Nahhas, sur des paroles de 1922 du prisonnier Syrien Najib al-Rayye (mis en prison à l'époque par... les Français!).

Un morceau au titre intrigant: I Hate You. C'est en fait une chanson d'amour, écrite et interprétée par Dan Penn en 1973.

Le mois dernier au Cirque d'Hiver de Paris étaient organisés trois concerts en hommage à Cesaria Evora, avec Mayra Andrade, Camané, Teofilo Chantre, Angélique Kidjo, Ismael Lo et Bonga. En voici un résumé d'une heure en basse qualité...

Un documentaire d'une heure (en anglais) sur Stax, là:


Le 30 août 1972, en pleine guerre du Vietnam, John Lennon donnait au Madison Square Garden, à New York, son premier grand concert depuis l'éclatement des Beatles. Appelé "One To One" ou "Live In New York City", il comporte en première partie Stevie Wonder et Roberta Flack. Ensuite, Lennon, avec Yoko Ono et son groupe, chante "Sisters O Sisters" (de Yoko Ono), "Instant karma", "Come together", "Imagine", "Cold turkey", "Hound Dog", et en final, "Give peace a chance" avec Stevie Wonder, Roberta Flack, Yoko Ono, les membres de Sha Na Na etc. Ca dure 40 minutes. Sur Arte samedi 27 octobre à 15:20. Ou ici:
http://videos.arte.tv/fr/videos/john-lennon--6996294.html

Une heure de Bonnie Raitt et Mavis Staple au Texas:
http://video.klru.tv/video/2280491424

Et 1h20 de Lee Fields avec un bon groupe à Nancy la semaine dernière:
http://liveweb.arte.tv/fr/video/Lee_Fields_and_the_Expressions_Nancy_Jazz_Pulsations/
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On s'habitue à tout
Mokless avec Olivier Besancenot

Mais comment on peut s’habituer à tout ?
On s’habitue aux licenciements, aux suicides au travail,
On s’habitue aux sans-logis, aux bonus des traders,
On s’habitue à la police dans les écoles, qui traquent les enfants sans papier,
On s’habitue au racisme, à la haine, à la guerre,
On s’habitue à tout.

Habitué à tout, à voir les dealers passer siste-gros,
À l’Europe, à l’euro, à n’plus fumer dans les bistrots,
À la drogue dure, en vente libre dans mon barrio,
Le crack est à la Goutte d’Or c’que le Carnaval est à Rio,
Habitué à l’abus, aux arrestations en série,
Habitué à s’faire serrer un peu comme Sami Nacéri,
Habitué au recel, à la flambée des taros,
Ou pire au pipe à crack ou piquousés aux garots.

On s’habitue à tout, faut juste un petit temps d’adaptation,
On s’relève après coup, la prochaine on fera attention,
On s’habitue à tout même aux trucs les plus claqués,
C’est comme la clope tu commences par une et tu finis par l’paquet,
Habitué à semer de la mauvaise graine,
À se contredire, à côtoyer les extrêmes,
Habitué à trouver les portes closes,
À l’exagération, la pluie, l'excès les fortes doses.

À faire le dur, et qu’on m’prenne pour une teigne,
À faire l’argent facile sous pour lequel je risque une peine,
Habitué, à la street, c’est pas une affaire à s’prix,
À la misère mais depuis quand la crasse prie à la défaite,
À la perte, on a connu pire on en a vu des pas mûres et des vertes,
Habitué à roder, à croiser les mêmes pestes,
Tous n'est que routine, habitude on répète les mêmes gestes,
Habitué au stress en tout genre et à la nique-pa,
À la société française et ses dictats,
À faire l’autruche quand on n'est pas concerné,
Pff habitué à s'faire berner,
Aux injustices dans l’monde et à tout ce bazar,
Quand sans raison israel bombarde Gaza,
Habitué quand l’Amérique en fait trop,
En Irak les invalides c’est pas une station de métro gros..

On s’habitue à tout pourtant sur le coup dit c’est insupportable,
Comme toutes les vidéos qui tournent sur les portables,
Tout l’terrain, habitué à voir de tout,
Habitué aux vieux coups, aux mecs qui partent en ye-cou,
Habitué, à la haine, oui l'amour c’est délicat,
Habitué au célibat, si on s’aime pas on n’se lie pas,
À être des machos, à jeter l’argent par la fenêtre,
J’te raconte pas si vous avez vu celle qui nous a fait naitre,
Habitué, aux disputes, et aux mésententes,
À nous faire duper sans cesse par les représentants,
À fermer nos gueules, nous contenter du minima,
Mais, un jour ça va péter comme à Madinina,
Habitué, aux coups, vas-y tu peux y aller même pas mal,
Ça y est c’est bon l’insupportable est devenu banal,
Habitué, à se serrer la ceinture, à taffer pour des centimes,
À finir les mois sans thunes,
On a pas grandi dans des couvents oui on connait bien le boulevard,
M’habitue à voir des culs à la télé à tout va,
Habitué aux scènes hots, à voir les mêmes têtes,
Habitué aux mêmes potes, à fumer sur les même pètes,
Habitué aux flics, et à leur abus d’pouvoir,
Ouais de là où elle est la justice ne peux pas tout voir,
Habitué aux radios, au matraquage incessants,
À écouter d’la merde donc on sait bien ça se sent,

Habitué depuis môme à la bêtise humaine,
Au type qui fait l’aumône,
Habitué à voler d'une aile
Habitué au placard, à l’univers carcéral,
On a pas attendu les reportages d’envoyé spécial,

Le chacun pour soi, l’individualisme,
S’habituer à la loi de la jungle, capitaliste,
L’exploitation, l’oppression, c’est accepter l’inacceptable,
Et vous, vous vous habituez à tout ?

Y’a que les poissons morts qui suivent le courant ! Point !

mercredi 17 octobre 2012

ELO#123 - Suppléments aux chroniques précedentes


Mercredi 17 octobre 2012

Il y a quelques semaines je vous parlais de Bettye Lavette, son nouveau livre, son nouveau disque et sa prochaine tournée de concerts en France. Pour ceux qui n'ont pas l'intention d'aller la voir en concert (le 5 décembre à Paris, à l'Alhambra; le 7 décembre à Bordeaux, au Casino Théâtre Barrière; le 8 décembre à Conflans Sainte Honorine, au Théâtre Simone Signoret; le 9 décembre à Lille, à l'Hôtel Casino Barrière), voici un concert entier (1h30) filmé la semaine dernière à Los Angeles.

En début d'année mourait Etta James. Je viens seulement de réaliser que le dernier titre de son dernier album, donc le dernier titre avant sa mort, est Let Me Down Easy (pas le même que celui de Bettye Lavette, justement), ce qui est une assez jolie apostrophe à la vie, non?!

La semaine dernière je vous montrais des vidéos de Otis Redding et James Brown en 1966 à l'Olympia. Même date, même endroit, Dionne Warwick (11 minutes):


Mercedez Benz, chanson de Janis Joplin, par Mouss et Hakim (en concert ils font aussi La Teigne, La Isla Bonita, Celebrate, Gimme The Night etc., mais je ne les ai pas encore trouvés sur youtube):



Demain en librairie sort une nouvelle édition du fameux livre de Siné sur les chats, augmenté de 50 nouveaux chats inédits...


Je suis tombé sur le Charlie Hebdo de cette semaine par hasard, et il est bourré de dessins islamophobes, bien pires que ceux du fameux numéro décrié. Ils sont vraiment incurables...
Mieux vaut lire cet émouvant témoignage:
Enfant d’immigrés, né en France, je me sens arabe
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Quelques articles

On rappelle l'assassinat du président burkinabé Thomas Sankara il y a 25 ans, par les services secrets de Mitterrand:
http://www.afrik.com/il-y-a-25-ans-tombait-thomas-sankara
http://www.afriqueexpansion.com/depeches-afp/5440-burkina-des-deputes-francais-reclament-une-enquete-sur-la-mort-de-sankara.html

On rappelle la sanglante répression d'une manifestation d'Algériens il y a 51 ans, par Papon, le copain de Mitterrand:
http://www.20minutes.fr/politique/1024388-manifestation-17-octobre-1961-francois-hollande-reconnait-sanglante-repression
http://lmsi.net/17-octobre-1961-cheque-en-blanc-a
http://www.metropolitiques.eu/La-police-et-les-Algeriens.html

Un peu d'humour dans le Monde Diplomatique, ça fait du bien... A propos, si vous voulez faire un don au Diplo, ils en ont besoin: L'art des grands projets inutiles

Soutenez Kokopelli, le musée vivant de conservation et reproduction de toutes les plantes, contre le lobby des semenciers et des grands groupes agroindustriels:
http://kokopelli-semences.fr/juridique/proces_perdu_2012

Netanyahou à l'ONU: au nom du choc des civilisations

Tous les jeudis à 20h au Bab Ilo, 9 rue du Baigneur, P18 (M° Jules Joffrin): Jack Vadrouille en Palestine
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Quelques chansons
Ry Cooder participe à la campagne présidentielle américaine en sortant un disque intitulé Election Special, dont le premier titre s'appelle Mutt Romney, ou Ce Bâtard de Romney...

Sandra Nkaké joue du ukulélé et chante sur le très beau morceau de Prince, The Cross.

Et justement, un nouveau single pour Prince, Rock and Roll Love Affair.

Un concert d'une heure avec Daryl Hall, Sharon Jones et Allen Stone. Vous pouvez sauter les premiers morceaux, mais écoutez et regardez 100 Days And 100 Nights, I Learned The Hard Way, et un final sympa sur Everytime You Go Away, morceau de Daryl Hall qui avait été repris par Paul Young dans les années 1980, ça vaut le coup.

L'an dernier, Sly Stone sortait un "nouveau disque". En fait une espèce de best of avec des invités. Pas génial. Seuls 3 nouveaux morceaux. Et seul un qui vaut le coup, Plain Jane.

En 1982 Aretha Franklin commence une nouvelle carrière dans la soul commerciale. Elle revient quand même de temps en temps à ses premières amours funk et soul, comme avec cette reprise de It's Your Thing, des Isley Brothers...

En 1964, Eric Von Schmidt, un copain de Bob Dylan, écrivait une chanson intitulée Joshua Goes Barbados, à propos de la répression sanglante et de la fuite du gouverneur pendant une manifestation d'ouvriers agricoles dans les Antilles...

jeudi 11 octobre 2012

ELO#122 - Otis Redding et James Brown à l'Olympia


Jeudi 11 octobre 2012

Otis Redding Olympia 1966 (40 minutes)



Contrairement aux indications sur la vidéo, la première partie du concert (une demi heure) est filmée à l'Olympia le 10 septembre 1966, avec Otis Redding et son pantalon moulant, présenté par Hubert d'Europe 1. Ce n'est pas sa meilleure tournée, les musiciens jouent parfois faux, mais c'est un document ultra rare. La seconde partie en revanche est disponible en DVD et c'est un extrait du concert du 7 avril 1967 à la Njardhallen, Oslo, Norvège.

James Brown Olympia 1966 (une demi heure, extraits):


James Brown Olympia 1967 (une heure et quart en deux parties):



James Brown Olympia 1971 (une heure):

C'est LE MEILLEUR CONCERT DU MONDE, j'en avais parlé dans Siné Hebdo...
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Le morceau de Zebda sur Gaza, Une Vie de Moins, dont un extrait était passé sur France Inter, est enfin disponible sur youtube, avec un joli dessin animé

La Palestine étant un sujet sensible, pour une fois ce n'est ni Magyd qui a écrit les paroles, ni qui chante. Le texte est de Jean Pierre Filiu (professeur d'histoire à Science Po, spécialiste de l'islam contemporain et auteur d'une récente "Histoire de Gaza"), et c'est Hakim qui chante. Le dessin animé est de Ali Guessoum et Natacha Bigan.

Et sinon, Zebda en 2003 rendait hommage à Renaud en reprenant La Teigne:


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Cinq caméras brisées, le documentaire palestinien d'Emad Burnat et de Guy Davidi (2011, 52 minutes) diffusé sur France 5 le mardi 9 octobre à 20h35, est visible pour quelques jours là:
http://www.pluzz.fr/cinq-cameras-brisees-une-histoire--2012-10-09-20h35.html

Revue de presse:
Cinq Caméras brisées contre le mur du silence en Palestine
Cinq caméras brisées, un film d'Emad Burnat et de Guy Davidi
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Solidarité-Syrie: Une nécessité
Une déclaration de Tadamon! Montréal
11 octobre 2012
http://www.tadamon.ca/post/10337/langswitch_lang/fr
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Des nouvelles du Front (à quand des nouvelles de la Moelle?), mais Siné est à l'hosto pour encore au moins 3 semaines:
http://www.sinemensuel.com/zone-de-sine/

Retour sur l'affaire Charlie Hebdo dans le dernier numéro de Siné Mensuel:

Je suis content que Siné condamne l'opportunisme de Charlie Hebdo qui ne vise qu'à se faire du fric, quitte pour cela à se mettre sous la protection des flics de Guéant ou Valls, et à jeter de l'huile sur un feu qui chauffe déjà suffisamment aux fesses des musulmans de France...

Je n'ai pas trouvé les chroniques d'Alévêque et de Laclavetine particulièrement passionnantes, mais j'ai été agréablement surpris par celle d'Isabelle Alonso qui fait bien la différence entre le courage de se moquer d'une religion quand elle est dominante et la lâcheté de taper dessus quand elle est déjà à terre.

Willis From Tunis explique que ces débats incessants sur la religion arrangent tout le monde en cachant la forêt des sujets sociaux autrement plus importants. Je suis bien d'accord... mais chaque mois Willis From Tunis a une tribune dans Siné Mensuel, et chaque mois c'est de... religion et non de sujets sociaux dont elle nous parle...

Je suis en partie d'accord avec l'analyse de Michel Warschawski sur la dérive de Charlie Hebdo, cohérente dans son philosémitisme, son islamophobie et son soutien à un ordre mondial étasunien et de plus en plus réactionnaire. En revanche, je crois qu'il se trompe lorsqu'il dit que Charlie Hebdo ne pourrait pas, aujourd'hui, se moquer de la religion juive comme il le fait de l'islam. Il pourrait le faire, et il le fait d'ailleurs, mais ça n'a pas la même portée, ni le même intérêt... Attaquer l'islam aujourd'hui c'est rejoindre l'entreprise de bipolarisation entre un occident néolibéral dominateur "blanc" (qui inclue les juifs) et ses vassaux basanés. Attaquer la religion juive n'est pas, aujourd'hui, ce qui "gêne" les juifs. S'il fallait chercher de l'intouchable, du symbolique, du sacré chez les juifs, ce ne serait pas chez un prophète mais probablement dans des choses qui auraient trait à l'existence de l'Etat d'israel par exemple ou, encore pire, à la Shoah. Ca, c'est des tabous auxquels Charlie Hebdo ne s'attaquerait pas, même par humour, par peur de procès ou de choquer tellement qu'ils perdraient des lecteurs. A l'inverse, en choquant les musulmans, non seulement ils ne prennent aucun risque, mais en plus ils gagnent plein des lecteurs... de droite! Charb et les dessinateurs de Charlie Hebdo répètent les mantras islamophobes (et les cris effarouchés d'appels à la liberté d'expression!) en croyant les avoir inventées, sans se rendre compte que c'est la droite qui les leur a soufflées et qui se frotte les mains d'avoir si bien réussi à laver les derniers cerveaux qui étaient censés assurer leur critique...

NB: la playlist de Jeanne Folly est un peu trop classique pour moi, sauf Miriam Makeba et la chanson Mohamad Bouya Mohamad, dont l'auteur est Ilham Al Madfai...

NB2: le texte de Philippe Lespinasse sur les forçats de la mer est magnifique!
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Chansons

Au début des années 1960 c'est le jeune Oscar Mack qui fait la première partie des concerts d'Otis Redding. Du coup, il invite le Big O à faire la deuxième voix dans la chanson Dream Girl de 1964...

Meshell Ndegeocello rend à son tour hommage à Nina Simone et, comme on pourrait s'y attendre, c'est assez original, et c'est en écoute ici:
http://www.funku.fr/2012/audio-meshell-ndegeocello-pour-une-ame-souveraine-album-streaming/
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Agenda

12-14 octobre les Blancs Manteaux (48 rue Vieille du Temple, P4): Le 22ème Salon de la Revue

18-20 octobre Maison de la Culture du Japon à Paris: Le Kimpun Show de Dairakudakan présente Crazy Camel, du butô burlesque. Reportage Tracks sur Akaji Maro filmé à la MCJP en 2011.

16-30 octobre Ateliers du Tayrac (66 rue Julien Lacroix, P20): exposition de Fernando Puig Rosado

3 novembre Institut des Cultures d'Islam: Sous la Peau, de Camel Zekri, théâtre musical autour de Frantz Fanon


samedi 6 octobre 2012

ELO#121 - Angelica


Samedi 6 octobre 2012

Un petit ajout à ma chronique sur Chico Buarque...

Sous la dictature brésilienne, dans les années 1970, Chico Buarque fréquente plusieurs opposants politiques, dont Zuzu Angel, styliste et mère d'un étudiant, militant du MR-8, et "disparu" en 1971. Elle se bat sans relâche, au Brésil et dans le monde entier, pour que la dictature lui rende le corps et reconnaisse sa responsabilité dans l'assassinat (et la torture) de son fils Stuart. Fil à la patte des autorités brésiliennes, sa vie est aussi en danger et elle prévient son ami Chico Buarque en 1976 que si elle meurt d'un accident, les responsables seront à chercher du côté des assassins de son fils. C'est ce qui lui arrive une semaine plus tard dans un accident de voiture. Chico en tirera une chanson, Angelica, qui sortira en 1981, dans l'album Almanaque.

Cette chanson est aussi un hommage à toutes les mères d'enfants "disparus", et plus particulièrement en Amérique du Sud dans les années 1970 et 1980. Sur ce sujet, en 1983 on trouve également des chansons des Rolling Stones (Undercover of the Night), de Little Steven (Los Desaparecidos) et de l'argentin Charly Garcia (Dinosaurios), le panaméen Ruben Blades écrira Desapariciones en 1984 (repris en France par Sergent Garcia en 2001), U2 écrira Mothers of the Disappeared en 1987, et Sting They Dance Alone en 1988. Ce n'est qu'en 1998 que le gouvernement brésilien reconnaîtra la responsabilité de ses services secrets de l'époque dans l'"accident" de Zuzu Angel...
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Rare apparition de Bobby Womack en live à la télévision française, cette semaine avec entre autres Damon Albarn et Lana del Rey :
http://www.canalplus.fr/c-divertissement/pid3303-c-le-live-du-grand-journal.html?vid=737793
http://www.canalplus.fr/c-divertissement/pid3303-c-le-live-du-grand-journal.html?vid=737720
http://www.canalplus.fr/c-divertissement/pid3299-c-album-de-la-semaine.html?tab=2&vid=742239

Avant de rencontrer Damon Albarn et la musique électronique, Bobby Womack essayait encore de sortir un album de vraie soul en 2001 dont ce morceau inédit (qui date en fait de 1972) est issu: Left Handed Upside Down.
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Paul Kelly vient de mourir. C'est l'un de ces soulmen dont on ne comprend pas bien pourquoi il n'a connu qu'une gloire éphémère alors qu'il est à la hauteur des autres, comme en témoigne l'un de ses seuls succès, le gentiment anticlérical Stealing in The Name of The Lord, publié en 1970 et repris en 1985 par un groupe post-punk anglais, Yeah Yeah Noh... Pour en savoir plus, y a toujours le site de Sir Shambling...

Un nouveau DVD va sortir sur Ike et Tina Turner en 1971, au sommet de leur gloire, en voici la bande annonce :

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Une petite pensée anti-leu-cémite pour Siné, hospitalisé pour une leucémie soudaine, mais qui ne perd ni inspiration, ni volubilité, ni humour, ni ses amis:
http://www.sinemensuel.com/zone-de-sine/
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Revue de presse:

-On peut être anarchiste, athée militant... et islamophobe, comme Michel Onfray.
-On peut aussi être anarchiste, athée militant... et s'élever contre l'islamophobie.
-L'ordinaire de l'ordure policière franssaise
-A propos des arrestations au faciès du samedi 22 septembre au Trocadéro, Libé en parle avec juste une semaine de retard.
-Sous les yeux de la police qui n'a arrêté (dans le double sens du terme) personne, de bons français de 2012 ont ratonné des Roms et mis le feu à leurs logements.
-Le boycott de la Palestine à la télé fait maintenant l'objet d'articles dans le Nouvel Obs.
-"Le 6 octobre 2008, les trois grandes banques islandaises faisaient faillite, provoquant une grave crise dans ce petit pays. Mais à présent, l'économie va beaucoup mieux grâce à une méthode inverse de celle suivie dans la zone euro." Qui dit ça? Le Front de Gauche pour dénoncer la politique bêtement ultra libérale de François Hollande? Non, un journal de droite, La Tribune.