jeudi 22 août 2013

ELO#155 - La musique africaine, le rock, la musique classique et le jazz boycottent israel!!!

Jeudi 22 août 2013

L'Israfrique passe aussi par la musique
Le Courrier (Genève), 14 août 2013, page 2
Campagne BDS France

L'invitation faite ce mois-ci à plusieurs artistes maliens, Salif Keita et le couple Amadou et Mariam, de se produire au Festival de musique sacrée de Jérusalem (du 20 au 23 aout) a fait couler beaucoup d'encre. Inévitablement, comme nous l'avions fait en début d'année avec Erik Truffaz ou Jacky Terrasson, ces artistes ont reçu des courriers émanant de la campagne internationale de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS), les appelant à ne pas se produire dans un pays qui pratique l'apartheid, la colonisation et refuse le droit au retour de millions de réfugiés palestiniens (1). En attendant que ces musiciens prennent leur décision en conscience, nous nous posons également quelques questions.

En effet, ces invitations mettent en lumière la nouvelle politique de séduction que l'Etat israélien mène depuis peu, à l'attention de certaines communautés d'Afrique. La politique israélienne à l'égard de l'Afrique, ou Israfrique, tente d'abord de faire oublier sa longue collaboration avec l'Afrique du Sud du temps de l'apartheid. En dehors des discrets contrats de ventes d'armes et de matériel d'espionnage passés avec de nombreux gouvernements africains, elle s'est singularisée par son engagement dès 2007 aux côtés des rebelles au Darfour, et aujourd'hui avec le Sud Soudan et ses ressources pétrolières et minières, contre le régime de Khartoum. Pour ce faire, l'Etat israélien emprunte une rhétorique simpliste et trompeuse, opposant des "Africains" soutenus par Israël, contre des "Arabes" qu'on imagine proches des Palestiniens. Cette description volontairement raciste passe sous silence le fait que tous les protagonistes sont africains et noirs et qu'ils sont pour la plupart arabophones et musulmans.

Ces liens avec l'Afrique occultent la situation des Africains en Israël. D'abord, il faut rappeler que tous les citoyens ne bénéficient pas des mêmes droits et du même accès aux services publics, selon qu'ils sont juifs ou d'une autre religion, chrétiens ou musulmans. Une soixantaine de lois ont été identifiées comme clairement discriminatoires, et pas moins de 14 obstacles administratifs rendent plus difficile aux non juifs l'accès à l'université, pour ne prendre que cet exemple. Par ailleurs, les juifs d'origine éthiopienne y sont notoirement discriminés et un scandale récent vient de révéler que les femmes ont subi des campagnes de contraception forcée pendant de nombreuses années. Quant aux autres immigrés africains, non juifs, illégaux ou supposés tels, plusieurs douzaines d'entre eux ont récemment été blessés lors de pogroms racistes dans les rues de Tel Aviv. On a même entendu la députée Miri Regev qualifier l'immigration africaine de "cancer de la société israélienne". Le gouvernement israélien n'est pas en reste puisqu'il les qualifie d'"infiltrés", leur interdit d'envoyer de l'argent dans leurs pays, arrête hommes, femmes et enfants et les entasse dans le camp de Saharonim, près d'Eilat, avant de les expulser, parfois en accord avec leur pays d'origine et en échange de nouveaux contrats d'armement!

C'est dans ce contexte que la politique israélienne à l'égard de l'Afrique passe aussi par la musique. Plusieurs officiels israéliens l'ont reconnu, la politique culturelle israélienne est partie intégrante de sa stratégie politique internationale, et en particulier de ses efforts de propagande pour améliorer son image. Sans l'aide du gouvernement, comment un promoteur israélien pourrait-il inviter des musiciens africains, sachant qu'Israël est un petit marché et qu'il n'est pas sur la route des tournées habituelles? Ainsi, il n'est pas étonnant que des instances étatiques israéliennes, comme celle qui organise le Festival de musique sacrée de Jérusalem, cherchent à s'associer à un pays africain, le Mali en l'occurrence, qui fait la une des journaux pour une guerre présentée également comme un conflit entre "Africains" et "Arabes". Alors que des artistes maliens ne s'étaient que très rarement produits en Israël auparavant, depuis deux ans, les invitations pleuvent: Oumou Sangaré, Vieux Farka Touré, Amadou et Mariam, Fatoumata Diawara, Tinariwen, et maintenant Salif Keita.

Dans les années 1970, marquées par des décennies de lutte contre la colonisation, les artistes africains se rangeaient spontanément du côté des Palestiniens et auraient refusé de telles invitations. Aujourd'hui, pour des raisons contractuelles, il est plus difficile pour les artistes de mettre en avant la motivation politique de leurs annulations, et ils vont prétexter un conflit d'agenda, la fatigue ou la crainte pour leur sécurité personnelle. Malgré tout, de plus en plus d'artistes africains s'engagent publiquement dans des actions de boycott culturel de l'Etat d'Israël: la Malienne Oumou Sangaré, l'Egyptienne Natacha Atlas ou les Sud-africains Ladysmith Black Mambazo, Andy Kasrils ou Ewok, par exemple, mais aussi les Sud-africains du comité Artists Against Apartheid ou les Kenyans du Palestine Solidarity Committee, récemment engagés contre un festival du film israélien organisé à l'Alliance française de Nairobi (2). C'est en effet quand les Etats se mêlent de culture que les artistes, mais aussi les spectateurs, se rendent compte du rôle politique qu'ils jouent, et sinon qu'on leur fait jouer...


Par ailleurs, la Campagne BDS, en France et en Afrique du Sud, a également publié plusieurs communiqués, une page facebook et une pétition sur "l'affaire Salif Keita", avec ses revirements et sa difficulté d'assumer une décision:

Et pour ce qui est du racisme anti-africain en israel, encore une pièce à apporter au dossier: Israël: un hôpital interdit aux Noirs
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Lettre de Roger Waters à tous les musiciens de rock ci-dessous...

 
Roger Waters appelle les musiciens Rock and Roll à s'engager dans le boycott culturel d'Israël
Roger Waters, 18 août 2013, Varsovie.

À mes collègues du Rock and Roll.

Au lendemain de l'assassinat du jeune Trayvon Martin et de l'acquittement de son meurtrier Zimmerman, Stevie Wonder a déclaré, durant son concert, qu'il ne se produirait plus jamais dans l'État de Floride tant que ce dernier n'abrogera pas sa loi « Défendez Votre Territoire » (« Stand Your Ground Law »).
Il a, en fait, décidé d'un boycott, guidé par sa conscience. J'applaudis sa prise de position, et la soutiens totalement. Cela m'a rappelé ce que j'avais écrit dans une lettre que j'ai commencé à rédiger en février dernier, à laquelle j'ai déjà fait référence, mais que je n'ai jamais publiée.

Le moment est venu, alors la voici.

Ça fait longtemps que cette lettre mijote sur le feu de ma conscience. Voilà sept ans que j'ai rejoins le BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions), un mouvement non-violent qui s'oppose à l'occupation israélienne de la Cisjordanie, ainsi qu'aux violations de la loi internationale et des droit du peuple Palestinien commises par Israël.

L'objectif du BDS est de porter à l'attention du monde les politiques mises en place par Israël et, nous l'espérons, de pouvoir y mettre fin. Toute la population de cette région mérite mieux que la situation dans laquelle elle se trouve.

Pour faire court, Israël a été reconnu coupable par les organisations internationales des droits de l'homme, les officiels des Nations Unies et la Cour Internationale de Justice de sévères violations de la loi internationale.

Parmi ces violations, j'en nommerai deux :

1. Le crime d'apartheid :
L'oppression systématique d'un groupe ethnique par un autre.
Le 9 mars 2012, par exemple, le comité pour l'élimination de la discrimination raciale a appelé Israël à mettre un terme à ses politiques racistes et à abroger ses lois contrevenant à l'interdiction de la ségrégation raciale et de l'apartheid1.

2. Le crime de nettoyage ethnique:
Le déplacement forcé de populations indigènes de leurs terres dans le but d'y installer des occupants.
Par exemple, à Jérusalem Est, les familles non-juives sont régulièrement expulsées de manière violente de leurs maisons pour faire la place aux occupants juifs.

Il y a d'autres exemples.

Étant donnée l'incapacité, ou le manque de volonté, de nos gouvernements et du conseil de sécurité des Nations Unies à faire pression sur Israël afin que cessent de telles violations, et que les victimes soient indemnisées, il incombe à la société civile et aux citoyens de conscience du monde entier de prendre leurs responsabilités et d'agir.

Je vous écris maintenant, mes frères et mes soeurs de la famille du Rock and Roll, pour vous demander de vous joindre à moi, et aux milliers d'autres artistes du monde entier, pour déclarer un boycott culturel d'Israël afin d'exposer cette situation et de soutenir tous nos frères et soeurs palestiniens et israéliens qui se battent pour mettre fin à toutes formes d'oppression de la part d'Israël. Nos frères et soeurs qui veulent vivre en paix, qui veulent la justice, l'équité et la liberté.

Deux événements récents m'ont poussé à vous écrire à tous.

1. Stevie Wonder.
J'ai entendu dire que Stevie Wonder allait donner un concert pour la soirée de gala des Amis des Forces de Défense Israéliennes (Friends of The Israeli Defense Forces) à Los Angeles le 6 décembre 2012.
Pour récolter des fonds pour les forces armées israéliennes, comme si les 4 300 000 000 de dollars que les contribuables américains leur donnent chaque année ne suffisait pas ?
Et cela, juste après que les Forces de Défense Israéliennes aient achevé une nouvelle attaque sur Gaza (opération Pilier de Défense) que l'association Human Rights Watch a qualifiée de crime de guerre contre les 1.6 millions de Palestiniens assiégés là-bas.
J'ai écrit à Stevie, pour essayer de le convaincre d'annuler. Ma lettre disait à peu près ceci : « Aurais-tu pu jouer au bal des policiers de Johannesburg, la nuit suivant le massacre de Sharpeville en 1960 ou à Birmingham, Alabama, pour récolter de l'argent pour les officiers qui tabassaient à coups de matraque, aveuglaient au gaz lacrymogène et dispersaient au canon à eau, ces enfants qui essayaient de s'intégrer en 1963 ? »
L'archevêque Desmond Tutu a également adressé un appel passionné à Stevie, et 3000 autres ont inscrit leurs noms au bas d'une pétition de change.org.
Et Stevie, c'est tout à son honneur, a annulé sa prestation.

2. Plus tôt cette année, j'ai tenu un discours aux Nations Unies.
Si cela vous intéresse, vous pouvez le trouver sur youtube.

Il est remarquable qu'aucun de ces deux « événements » n'ait été mentionné, pas même une fois, dans les médias de masse aux États-Unis.
Il est clair que cette attitude des médias étasuniens reflète un désintéressement total envers le problème du peuple palestinien, et celui du peuple israélien.
Nous ne pouvons qu'espérer qu'ils finissent par s'y intéresser, comme ils ont fini par s'intéresser à la politique d'apartheid Sud Africaine.

À l'époque de l'apartheid en Afrique du sud, seul un petit groupe d'artistes a refusé d'y jouer dans un premier temps. Seuls quelques-uns pratiquaient le boycott culturel. Une goutte d'eau. Qui est devenue une rivière, qui est devenue un torrent, qui est devenu un ras-de-marée.
(Vous souvenez-vous de Steve van Zandt, Bruce et tous les autres ? « Nous ne jouerons pas à Sun City ! »)
Pourquoi ? Parce que comme les Nations Unies et la Cour Internationale de Justice, ils avaient compris que l'apartheid était mauvais.
Puis la communauté sportive a rejoint la lutte. Aucune équipe n'allait jouer au rugby ou au cricket en Afrique du Sud. Et la communauté politique a fini par se joindre à nous. Ensemble, dans un mouvement global, nous, musiciens, sportifs, politiques avons élevé nos voix comme une seule, et le régime d'apartheid Sud Africain est tombé.

Nous atteignons peut-être le point de basculement en ce qui concerne Israël et la Palestine. Ces deux peuples sont bons, et ils méritent une solution juste à leur problème. Chacun d'entre eux mérite la liberté, la justice, l'égalité des droits.

Dernièrement, le Congrès National Africain (ANC), le parti qui est à la tête de l'Afrique du Sud, a affirmé son soutien au BDS.

Nous y sommes presque. Je vous prie de nous rejoindre, moi et tous nos frères et soeurs de la société civile, pour clamer notre refus de l'apartheid en Israël et en Palestine occupée. Engageons-nous à ne pas nous produire en Israël, à n'accepter aucune récompense, aucune subvention provenant d'institutions liées au gouvernement d'Israël, jusqu'à ce qu'Israël se conforme à la loi internationale et aux principes universels des droits de l'Homme.
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Pour ceux qui ne le connaissent pas, Nigel Kennedy est un virtuose anglais du violon classique, extrêmement populaire partout dans le monde, connu aussi pour ne pas respecter le cérémonial classique, et venir habillé en punk lors de concerts où il est premier violon...


Le 8 août, il a été invité à donner un concert au Royal Albert Hall de Londres, avec le conservatoire national palestinien Edward Said. Entre deux morceaux, il a précisé: "c'est peut-être un peu facile à dire, mais nous savons tous par l'expérience de cette soirée de musique que de donner l'égalité à tous et de se débarrasser de l'apartheid donne une chance magnifique pour que des choses formidables se produisent". Le concert a été retransmis à la BBC, mais les rediffusions ont amputé cet extrait...

Il a donc publié la déclaration officielle ci-dessous...

Déclaration officielle au nom de Nigel Kennedy, contre sa censure par la BBC

Nigel Kennedy estime incroyable, et assez effrayant, qu'au XXIe siècle, il y ait toujours un tel problème insurmontable pour dire les choses comme elles sont. Il pense qu'une fois que nous aurons réussi à faire face aux problèmes pour ce qu'ils sont réellement, nous aurons enfin une chance de trouver les solutions à des problèmes comme les droits humains, les droits à légalité et même, peut-être, la liberté d'expression. Sa première réaction à la censure par la BBC et à son manque impérial d'impartialité a été de refuser de jouer pour un employeur qui est influencé par des forces extérieures si contestables.

Mr Kennedy a toutefois rappelé que son principal objectif est de donner au public la meilleure musique qu'il peut produire. Retirer ses services ce serait comme si un chauffeur de taxi refusait de conduire ses clients parce qu'ils seraient politiquement incorrects. Par conséquent, il ne retire pas les services qu'il doit au public, mais il s'attend à moitié à être remplacé par quelqu'un jugé plus conforme en vertu de son opportunisme débordant et de ses ambitions professionnelles.

Cependant, Mr Kennedy est heureux que, en le censurant, la BBC ait créé une si immense plate-forme pour débattre de sa propre impartialité, de son respect (ou non-respect) de la liberté d'expression et pour débattre du lamentable apartheid imposé au peuple palestinien par le gouvernement israélien soutenu par tant de gouvernements du monde extérieur.

Pour Mr Kennedy, sa très petite déclaration durant son concert était purement descriptive, et en aucune façon politique.
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Jazz


Ce mois ci, les musiciens de jazz Chris "Daddy" Dave, Pino Palladino, Kebbi Williams, Isaiah Sharkey, Matt Schofield, Jonny Henderson et Kevin Hayes ont annulé leur participation au festival de jazz d'Eilat!
http://tinyurl.com/k7rg3dz
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Palestine / France


La campagne BDS France a pu se réjouir quelques jours de la relaxe de 3 de ses militants de Perpignan dont les actions de boycott n'ont PAS été jugées comme incitant à une quelconque haine raciale... Néanmoins, comme le veut la circulaire Alliot-Marie, le procureur a fait appel...

Le Mur a des Oreilles, une nouvelle émission mensuelle sur la Palestine en français sur une radio belge:
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La Gauche française


Après la polémique autour de Daniel Mermet, puis celle autour de Clément Méric, voici celle autour d'Agone. Moins détaillée, il est plus difficile de prendre parti, mais la gauche, comme toujours, se déchire:

A propos de féminisme et d'islamophobie, Mona Chollet et Christine Delphy, en deux parties
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Cocaine


Un vieux blues redécouvert par la génération folk, au premier rang desquels Dave Van Ronk (qui a tout appris à Bob Dylan) en 1967, une version reggae-dub par Dillinger en 1976, et un retour à une version blues dépouillée, par Keith Richards en 1994. Ce n'est pas le country de Roy Hogsed et Johnny Cash, ni le blues de J.J. Cale et Eric Clapton, mais c'est un thème qui inspire apparemment...
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Vidéos

Trios sans guitare:
Morphine, basse, batterie et saxophone baryton, dans les années 1990:


Elyas Khan, basse, batterie et des cloches, en 2013:


1h de Stevie Wonder, toujours dans le cadre du Summer of Soul 2013 sur Arte:
http://www.arte.tv/guide/fr/048865-000/stevie-wonder
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Audio


Un peu plus d'1h avec Bettye Lavette, soul bluesy le mois dernier au North Sea Festival de Rotterdam.

Au même endroit, 1h15 de blues avec Mud Morganfield, le fils de Muddy Waters, qui imite bien feu son père.

40 minutes d'un concert inédit de Bobby Bland, le 8 octobre 1975 au Boarding House de San Francisco, avec Wayne Bennett à la guitare.

Je n'ai pas encore écouté ce Dictionnaire du Rock'n'Roll, 26 émissions de radio consacrées au racines du rock, avec rythm and blues, boogie woogie,  bebop, rock n'roll, old school, mais ça a l'air sympa...

mercredi 14 août 2013

ELO#154 - Porretta Soul Festival 2013


Mercredi 14 août 2013

A Porretta, on ne vient pas que pour la musique ou les artistes, mais aussi pour l'ambiance à la fois bon-enfant, théâtrale et érudite, les artistes qu'on croise au restaurant, les concerts où l'on va et l'on vient sans se préoccuper de rater un quart d'heure par ci ou par là. Et aussi parce que ce festival se situe admirablement bien pour des vacances culturelles et gustatives... Musicalement, on sait que ce festival est consacré aux "vrais" musiciens de la soul sudiste américaine, donc soit des survivants (qui approchent les 80 balais au compteur), soit de jeunes imitateurs du monde entier.

Dans la deuxième catégorie, les excellents japonais de Osaka Monorail, gros succès pour leur jeu de scène, surtout pour ceux qui les voient pour la première fois:



Dans la première catégorie, commençons par les sexagénaires: Toni Green et David Hudson, qui revenaient tous les deux à Porretta pour la 4ème fois. Un fan club du troisième âge, le "Zocolo Duro" (le "Noyau Dur" des fans du festival de la première heure), qui a fait tirer des T-shirts "To Toni With Love", 14 lettres, 14 T-shirts imprimés avec chacun une lettre, voir à la 28ème minute de la vidéo ci-dessous) aide Toni Green à prendre l'assurance qui lui manquait lors de ses premières apparitions en Italie. La fabrication (je dis ça sans aucune méchanceté) du "mythe Toni Green", accueillie comme si elle était Michèle Obama, Madonna ou Aretha Franklin est assez fascinante. Elle est maintenant devenue "The Queen of Porretta", un personnage qu'elle incarne très bien, mais qui la dépasse parfois! Même si ça ne dure que 3 jours et que c'est dans un obscur village italien, ça doit lui faire plaisir! Et elle fait ça parce qu'on le lui demande: ça parait indispensable à un événement tel que le festival de Porretta d'avoir des stars, un cérémonial, des rires, des larmes, des robes, des paillettes, des applaudissements, une reine du carnaval, réelle ou, en cas de besoin, fabriquée!



David Hudson quant à lui délivre un set de reprises très équilibrées et parfaitement chantées (Who's Making Love, That's the Way I Feel About Cha, For the Good Time..., à partir de la 24ème minute dans la vidéo ci-dessous)... ainsi qu'une demande en mariage à sa fiancée en direct chaudement applaudie (56ème minute dans la vidéo ci-dessous, et sa future femme m'a certifié qu'il ne faisait pas ça à chaque concert!).


Pour ce qui est des septuagénaires, Mitty Collier venait en revanche à Porretta pour la première fois, et c'était même l'un de ses rares concerts en Europe depuis 40 ans qu'elle est devenue prêtre et refuse désormais de chanter la "musique du diable". Elle se contente d'un gospel un peu ennuyeux et de discours prosélytes fatigant... Quant au doyen, Bobby Rush, 79 ans, ses danseuses aux formes généreuses et moulées ont captivé l'attention, à mon avis au détriment de la musique. Pourtant il y avait de beaux moments très bluesy et très dépouillés (à partir de 22' sur la vidéo ci-dessous), seul à l'harmonica, ou avec Lou Rodriguez à la guitare, voire seul à la guitare.


Mais la révélation de l'année (pour un artiste de 73 ans, ça veut dire la révélation qu'il est encore bien conservé! Son T-shirt le dit d'ailleurs: "If the music is too loud, you're too old!") était Latimore, chanteur et pianiste, bluesy et sexy qui termine son set (la première demi heure de la vidéo ci-dessous) par son chef d’œuvre, Let's Straighten it Out, rejoint par Bobby Rush à l'harmonica et par David Hudson aux chœurs, grand moment d'émotion... Porretta est aussi connu pour son final (la dernière demi-heure de la vidéo ci-dessous) où les artistes se rejoignent sur scène pour deux morceaux tous ensemble, d'abord l'hymne de Porretta, catastrophique parce que mal répété, puis Sweet Soul Music. Quand vient le tour de Mitty Collier elle chante la gloire de dieu au lieu de celle de Wilson Pickett, Otis Redding ou James Brown. Puis elle invite son compère Calvin Bridges qui force tout le monde à entonner "Praise Him", dans un véritable hold-up prosélyte. Mais petit à petit, les chanteurs sur scène se prennent tous au jeu du gospel et improvisent un petit couplet à leur manière sur le thème religieux, d'abord Latimore, puis Bobby Rush, David Hudson, Toni Green, et ça finit par donner une fin assez sympathique, à près de 2h du mat...


Toutes les vidéos sont là:
http://www.youtube.com/user/lepidatv/videos

Avant Porretta, et sans vous raconter ma vie, j'ai aussi passé une semaine à Naples et découvert deux morceaux qui me feront maintenant penser à cette ville magique. D'abord, le chanteur Pino Daniele, qui chante en langue napolitaine tout en jouant une musique proche du blues américain, comme en témoigne ce magnifique Je So' Pazzo (je suis fou), de son deuxième disque en 1979.

Ensuite Tu Vuò Fa' L'Americano, la chanson (et le clip, si l'on peut dire) marrante de Renato Carosone, en 1956, elle aussi interprétée en langue napolitaine et qui ne semble pas nécessiter de traduction.


Pourtant Akhenaton, le chanteur d'IAM, a repris et adapté cette chanson dans son premier disque solo, Métèque et Mat, en 1995. Comme souvent avec le rap, cette "chansonnette" nous en apprend en fait beaucoup, sur Akhenaton (originaire de Naples lui aussi), sur la jeunesse, sur l'immigration italienne et méditerranéenne, sur le fantasme américain, mais aussi sur l'impérialisme, la conscience politique et nos rapports ambigus avec ce pays...


Tout ce qu'on aime, d'ailleurs, chez IAM et dans le bon rap, leur conscience politique, et pas seulement de la politique française, comme en témoigne cet autre titre des années 1990, J'Aurais Pu Croire (voir les paroles ci-dessous), de leur album Ombre Est Lumière, de 1993, juste après la première guerre du golfe, l'intervention américaine en Somalie et la conversion d'Akhenaton à l'Islam, et juste avant les accords d'Oslo... IAM a d'ailleurs participé cet été au 40ème anniversaire du rap qui s'est déroulé à Central Park, à New-York, avec Rakim en guest.
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Midnight Train to Georgia


Au départ c'est une chanson country écrite et chantée par Jim Weatherly en 1972, intitulée Midnight Plane to Houston. Tout de suite il la propose à Cissy Houston (chanteuse de soul et de gospel, surtout connue pour être la mère de Whitney Houston). Elle accepte à condition que la chanson se plie à un public noir, donc qui prend le train plutôt que l'avion, et qui s'en va en Géorgie plutôt qu'au Texas! Son chant est soul, mais elle garde l'esprit ballade de la chanson, et si elle enlève la peal steel guitar, elle garde les violons, la guitare sèche, l'harmonica, les choeurs féminins... Quand Gladys Knight la reprend un an plus tard, elle en change complètement l'atmosphère, et si elle garde les violons, elle y ajoute un rythme intensifié par les choeurs masculins des Pips et une section de cuivre qui comprend les frères Brecker. C'est aussi cette troisième version qui connaîtra le plus grand succès, atteindra la première place du hit-parade et obtiendra même un Grammy en 1974.
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Musique


Joe Tex aurait eu 80 ans hier, alors voici un excellent clip de I Gotcha, ici dans Soul Train avec une super danseuse:


Cat Power, King Rides By. C'est le ré-enregistrement en 2011 d'un de ses vieux morceaux de 1996, sorti en clip et en single uniquement au profit de je ne sais quelle organisation:


Une documentaire assez bien fait, d'une heure sur Otis Redding, en français. La chanson Otis (1984), de Magma, dont un extrait se trouve dans ce documentaire.

Fichiers audio de deux concerts d'une heure à Newport le mois dernier: Folk-soul avec Michael Kiwanuka (on peut télécharger ce concert) et Latin-jazz avec Eddie Palmieri.
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J'aurais pu croire
IAM

J'aurais pu croire en George Bush mais voilà:
Sa vision des U.S.A. ne me satisfait pas
Justice à deux vitesses pour les Blancs, pour les Noirs
Les gendarmes du monde ne méritent pas d'égard

Ils sont intervenus au Koweït pour le pétrole et l'argent
Les droits de l'homme rien à cirer au pays du Klan
Les marchands d'armes contant, les patriotes coûtent chers
Cool la guerre vu d'un fauteuil les soldats dans le désert

Il paraît que George aime les Chiites
Surtout quand ils se trouvent entre le Koweït et l'Irak
Les Kurdes peuvent attendre vu qu'ils habitent
Près de la frontière turque au nord de Bagdad

Ce justicier fait respecter les résolutions à qui il veut
S'offrant une sortie de la maison blanche sous les feux
Quand un tomahawk tombe sur un hôtel vous savez c'est normal
La D.C.A. Irakienne vise mal

Dites-moi je voudrais savoir
Ce que ça vous fait de bombarder un pays qui a 6000 ans d'histoire ?
Rien pour les auteurs d'un génocide. Moi
J'aurais pu croire en Bush mais je ne le crois pas

J'aurais pu croire en Saddam mais voilà:
Sur le drapeau Irakien il a fait écrire Allah
Comment peut-il faire ça après avoir persécuté
Traqué les fervents Musulmans pendant des années ?

Saddam, tu ne me feras pas croire à moi
Que tu fais la prière en dehors des caméras
Sais-tu au moins qu'exhiber son portrait dans tous les coins
Est interdit par notre livre saint le Coran ?

Et tu blasphèmes blasphèmes et blasphèmes
Te prends pour Saladin
Oubliant par la même qu'il était d'origine Kurde
Abusant ton peuple, manipulant les esprits à la guerre sainte appelle

La guerre sainte se dit en Arabe : "al-jihad fi sabil Allah",
"L'effort sur le chemin de Dieu". Un document du Vatican précise:
"Le Jihad n'est aucunement le carême biblique il n'entend pas
à l'extermination mais à étendre à de nouvelles contrées
les droits de Dieu et des hommes."

Que les serviteurs du bien le maudisse. Moi
J'aurais pu croire en Saddam mais je ne le crois pas
"Croyez-moi si vous l'voulez"
"Je n'le crois pas"

J'aurais pu croire en Israël mais
Les différentes religions n'y vivent pas en paix
Les deux tiers du territoire que les sionistes ont occupés
Par l'ONU en 48 n'ont jamais été attribués

Pense à tous ces Russes et ces Polonais
Fraîchement arrivés
Et qui ont chassé les Palestiniens qui habitaient sur cette terre
Et qui l'ont travaillée et chérie pendant des millénaires

On les a conduit dans des camps et dépouillés là
Ils furent massacrés à Sabra et Chatila
Dieu a signifié aux hommes de toutes les races:
"Ne fait pas aux autres ce que tu n'aimerais pas que l'on te fasse."

Après les tueries par ces chiens de Nazis
Je ne peux pas croire que vous ayez agi ainsi
J'ai rêvé une nuit de deux beaux frères jumeaux:
Palestine et Israël en harmonie souverains et égaux

Mais balles contre cailloux, canons à pierres
Expulsés aux frontières je ne puis me taire
Le David d'antan est devenu Goliath. Moi
J'aurais pu croire Israël mais je ne le crois pas

J'aurais pu croire en Khomeiny en son sectarisme
Son credo manque de beaucoup de réalisme
Incapable de dissocier tradition et Islam
Rien qu'à la manière dont il traite les femmes

Dieu n'a jamais rien dit de si indigne
Et chaque livre saint se comprend entre les lignes
Mélanger politique et religion signifie
Donner la victoire au matériel face à l'esprit

A l'humain face au divin à l'instant face au passé
Quiconque croit en Dieu sur terre n'a pas besoin de diriger
L'Histoire le prouve à chaque époque. Moi
J'aurais pu croire en Ayatollah mais je ne le crois pas

J'aurais pu croire l'Occident si
Tout ces pays n'avaient eu de colonies
Et lors de l'indépendance ne les avaient découpés comme des tartes
Aujourd'hui il y a des guerres à cause des problèmes de cartes

Morosité quelle est la source ?
Ils ne jurent sur jamais rien d'autre que la bourse
Eux aussi ont leurs intégristes fanas
Catholiques pyromanes qui mettent le feu aux cinémas

Leurs reality show, leur télé pourrie
Leur voyeurisme a faire pleurer les mamies
La poudre au yeux, telle est leur stratégie. Moi
J'aurais pu croire l'Occident mais je ne le crois pas

Dans tout ce chaos je sais où je suis
Et je sais désormais où je mets les pieds aujourd'hui

Et ce n'est pas sans fierté que j'avoue avec émoi
Que je pourrais croire en Dieu en toi en moi
Et j'y crois
"Croyez-moi si vous l'voulez"
"Je le crois"

"Ils ont vécu dans une de ces rares époque de certitude
où l'homme sait ce qu'il fait et où il va parce qu'il croit."

mercredi 7 août 2013

ELO#153 - Blood, Sweat and Tears

Mercredi 7 Aout

Al Kooper est le mec qui joue de l'orgue sur Like a Rolling Stone, de Bob Dylan, et sur You Can't Always Get What You Want des Rolling Stones! C'est aussi lui qui a créé le groupe Blood, Sweat and Tears (ce que Churchill avait promis aux Anglais: du sang, de la sueur et des larmes... et la victoire), et écrit tous les morceaux de leur premier disque, Child is Father to the Man (à la pochette hallucinante), en 1968. On trouve sur ce disque le magnifique slow I Love You More Than You'll Ever Know enregistré le lendemain de la mort d'Otis Redding et inspiré par lui. Sur ce titre, Al Kooper est au chant, Steve Katz est au solo de guitare et Fred Lipsius au solo de sax. C'est le jeune Randy Brecker qui est à la trompette, et qui devient très célèbre par la suite.

Al Kooper a des qualités évidentes, mais aussi des défauts comme celui de tout vouloir organiser et de ne pas laisser sa place à un meilleur chanteur. Il se fait virer du groupe qu'il a fondé juste après la publication de ce premier disque, instituant une tradition qui veut que les membres de ce groupe n'y restent jamais très longtemps, mais deviennent souvent célèbres après l'avoir quitté. Une pépinière de rockers, en gros!

Child is Father to the Man n'est pas un énorme succès et I Love You More Than You'll Ever Know ne sort même pas en 45t. En revanche dès l'année suivante, le deuxième disque, Blood, Sweat and Tears, est un succès et Spinning Wheels leur plus grand tube en 1969.

Cette même année, la chanteuse de jazz Carmen McRae est la première à reprendre I Love You More Than You'll Ever Know, une version rare qu'elle ne publie qu'en 45t. En 1971, Bo Diddley sort sa version sur le disque Another Dimension, et en 1973 c'est au tour de Dakota Staton sur son disque I Want a Country Man. Mais il faut attendre la version de Donny Hathaway, cette même année sur l'album Extension of a Man, pour que le titre connaisse un succès mondial (classé #20 au top des titres R'n'B).

Le morceau est donc logiquement inclus dans les concerts de Blood, Sweat and Tears et une superbe version live (déjà publiée sur ce blog) date de 1974, avec Jerry LaCroix au chant, le suédois Georg Wadenius au solo de guitare et Bill Tillman au solo de flute:


Plus récemment, Gary Moore, Amy Winehouse ou Alice Russell l'ont aussi reprise, ainsi que Charles Walker et les Dynamites, dimanche 21 juillet 2013 au festival de soul de Porretta (Italie), voir après la 30ème minute:


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Am I the Same Girl?


En 1968, Barbara Acklin publie Am I the Same Girl en 45t qui n'aura qu'un succès modéré. De façon surprenante, la même année, c'est la version instrumentale du groupe Young-Holt Unlimited qui devient un énorme succès, sous son nouveau nom de Soulful Strut. L'année suivante, c'est au tour de Dusty Springfield d'en faire un succès (avec les paroles) et d'inciter pas mal d'autres femmes à s'y frotter, depuis Salena Jones en 1970 jusque dans les années 1990, avec le groupe Swing out Sister.
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Noirs américains


En 1971, Delia Gartrell chante l'une des plus belles chansons du destin tragique des soldats de retour du Vietnam: See What You Done, Done.

En 2013, Brenda Russell se souvient de cette époque où il était presque illégal d'être noir: Against the Law.

Pendant ce temps, d'autres noirs américains condamnent la vague montante de racisme en israel...
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Syrie


Trois articles sur la vie des reporters de guerre en Syrie:

Lettre d'une pigiste perdue dans l'enfer syrien
Francesca Borri

Jonathan Alpeyrie otage en Syrie
Michel Puech

Kalene, un Français engagé dans l'enfer d'Alep
Frédéric Gerschel

Et pendant ce temps là, les vacances de Siné continuent
(et c'est presque pire que la Syrie!)
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Vidéos


Rhythm and Blues Revue (1955), un film d'une heure de Joseph Kohn et Ben Frye, typique de ce cinéma "pour noirs américains", de ces spectacles qu'on pouvait voir à l'Appolo de Harlem. Dans celui ci, on croise: Sarah Vaughan, Count Basie, Joe Turner, Nat King Cole, Cab Calloway, Ruth Brown, Amos Milburn, Lionel Hampton, Bill Bailey...

Montreux 1976, un groupe de musiciens habitués à jouer derrière les stars prend le devant de la scène: Cornell Dupree, Eric Gale, Richard Tee, Steve Gadd, Gordon Edwards forment Stuff et cassent la baraque:
1) Foots
2) Signed, Sealed, Delivered, I'm Yours
3) The Gadd Solo
4) Stuff's Stuff
5) That's The Way Of The World
6) Feelin' Alright
7) Lift Every Voice And Sing / Oh Happy Day (avec Odetta)
8) Ode To Stuff
9) How Long Will It Last?
10) You Are So Beautiful
11) Boogie On Reggae Woman
12) Do It Again

Dimanche 14 juillet 2013, 1h de Bobby Womack au North Sea Jazz Festival de Rotterdam. Il n'est plut tout jeune, mais c'est toujours sympa de revoir tous ces tubes:
1) Across 110th Street
2) Nobody Loves You When You're Down and Out
3) Harry Hippie
4) I Wish He Didn't Trust Me So Much
5) That's The Way I Feel About' Cha
6) The Bravest Man in the Universe
7) Deep River
8) A Time Is Gonna Come
9) Looking for a Love
10) If You Think You're Lonely Now
11) Jesus Be a Fence Around Me
12) Soul Medley
13) I'll Still Be Looking Up to You

Vendredi 12 juillet 2013, 1h20 de Larry Graham au North Sea Jazz Festival de Rotterdam. Au bout d'une heure de spectacle, il est rejoint par sa femme Tina pour interpréter Thank You For Letting Me Be Myself. Carlos Santana regarde tout ça dans les coulisses. Au bout de quatre minutes Larry Graham est rejoint par un autre guitariste à la coiffure afro, pour à peine trois minutes de rythmique bariolée, quelques sourires et pas un mot... 5 minutes plus tard c'est le contraire, c'est Santana qui prend la guitare sur scène (et Mark King la deuxième basse, ancien des Level 42, vous vous souvenez?) pendant que P. regarde des coulisses pour 5 dernières minutes de I Want To Take You Higher:
1) Thank You For Talkin' to Me Africa
2) Entrow
3) Throwin' Down the Funk
4) Welcome to Our World
5) We've Been Waiting
6) It Ain't No Fun to Me
7) It's Alright
8) Raise Up
9) Something About You (avec Mark King)
10) Bass Solo (avec Mark King)
11) Release Yourself
12) Dance to the Music
13) The Jam
14) Thank You For Letting Me Be Myself (avec Prince)
15) Now Do U Want Ta Dance (avec Mark King)
16) I Want To Take You Higher (avec Mark King et Carlos Santana)