mercredi 25 novembre 2009

Siné Hebdo #64 : Agir en Musique

25 novembre 2009

Version plus longue de l’article:

C’est le 29 novembre 1947 que l’ONU, contre son propre principe d’autodétermination des peuples, recommande aux Palestiniens de céder la majeure partie de leur territoire aux colons juifs. Depuis, l’Etat d’Israël a rogné de plus en plus de territoire, expulsé des centaines de milliers de Palestiniens, assassiné et emprisonné des dizaines de milliers et discriminé tous les autres… Avec la guerre ultra violente contre Gaza l’hiver dernier, une question a retenti dans les rues des villes du monde entier: que faire?

On a déjà évoqué dans Siné Hebdo l’appel de 2005, lancé par la société civile palestinienne au monde entier, pour que soit mis en place un boycott des institutions israéliennes, jusqu’à ce que cet Etat respecte le droit international et les droits humains, qu’il cesse l’occupation, le blocus de Gaza et sa politique d’apartheid. Cette campagne, connue sous le nom de BDS (pour Boycott, Désinvestissement et Sanctions) s'inspire du boycott de l'apartheid en Afrique du Sud dans les années 1980 et comporte des volets économiques, universitaires, sportifs mais aussi culturels. Il faut, en effet, empêcher l’art et la culture de servir de propagande à l’Etat israélien.

En premier lieu, puisque la campagne BDS s’attaque aux institutions et pas aux personnes, les évènements visés sont les festivals, expositions ou concerts financés en partie par le gouvernement israélien, ici ou là-bas. C’est ainsi que, dès 2006, Roger Waters (de Pink Floyd) a refusé de se rendre en Israël et que Brian Eno s’est publiquement joint à l’appel au Boycott. A l’inverse, des voix s’élèvent contre les chanteurs qui osent aller distraire les Israéliens entre deux bombardements, comme Mercedes Sosa l’an dernier ou Léonard Cohen cette année.

Mais un aspect complémentaire de cette campagne consiste à promouvoir les artistes palestiniens. Car malgré toutes les tentatives d'éradication, la culture palestinienne est vivante et bien vivante. Toutefois, comme tous les Palestiniens, les artistes ont du mal à voyager. Dans un style classique, on a quand même réussi à voir Rim Banna en Europe l'an dernier et, cette année, on bénéficie de la venue de Kamilya Jubran, le 2 décembre, dans le cadre du sixième festival Strasbourg-Mediterranée. Après avoir longtemps fait partie du groupe Sabreen, Kamilya Jubran s'est maintenant lancée en solo et sort son deuxième disque, Makan, où elle chante et joue du oud de façon envoûtante.

Tous les artistes palestiniens sont influencés par la situation politique dans laquelle ils croupissent, on a pu le voir à l'occasion de l'exposition La création dans tous ses états à l'Institut du Monde Arabe, et les chanteurs ne font pas exception. Ils aspirent à nous transmettre leur expérience et c’est donc aussi une façon de les soutenir que d’écouter ce qu’ils ont à nous dire et d’entendre leur vérité… Aujourd’hui c’est aussi par le rap que s’exprime la jeunesse palestinienne, avec les groupes DAM (le plus connu), G-Town, Darg Team ou Ramallah Underground। La scène rap en Palestine, avec ses musiques et ses discours, est décrite dans un chouette documentaire, Slingshot Hip Hop, qui sera diffusé le 10 décembre au cinéma les Trois Luxembourg à Paris dans le cadre d’un festival du film palestinien. Mais c’est principalement sur internet qu’on se tient au courant de l’actualité de ces groupes qui vivent sous un régime d’apartheid ou sous occupation militaire. Pourtant, certains arrivent à enregistrer des disques, voire à faire des concerts à l’étranger. Ne les manquez pas s’ils passent près de chez vous. Après 62 ans d’injustice cette semaine, c’est bien la moindre des choses…

DROR

Sites web:

La campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions:

http://bdsmovement.net/

La campagne en France:

http://campagneboycott.blogspot.com/

La campagne en Suisse:

http://www.bds-info.ch/

La campagne de Boycott Culturel:

http://www.pacbi.org/

Rim Banna: http://www.rimbanna.com/

Dernier disque: Seasons of Violet (2007)

Kamilya Jubran: http://www.kamilyajubran.com/

Dernier disque: Makan (2009)

DAM: http://www.dampalestine.com/

Dernier disque: Dedication (2006)

Darg Team:

http://www.myspace.com/dargteamgaza

Ramallah Underground:

http://www.ramallahunderground.com/

G-Town:

http://www.myspace.com/gtown2002

A propos du film Slingshot Hip Hop, sur le rap palestinien:

http://www.slingshothiphop.com/

http://cpa.hypotheses.org/268

http://www.dominionpaper.ca/articles/2872

http://www.tadamon.ca/post/1619/langswitch_lang/fr

http://www.telquel-online.com/284/arts2_284.shtml

A propos du festival de film palestinien, du 2 au 13 décembre au cinéma Les Trois Luxembourg, à Paris:

http://www.whatcancinemado.com/

Un morceau:

Un rap sympathique du groupe palestinien DAM, Ng’ayer Bukra (Changeons les Lendemains), issu de leur disque Dedication, avec du groove, une jolie mélodie, un choeur d’enfants et, bien sûr, un message politique. Car les artistes palestiniens n’ont pas le luxe qu’ont leurs collègues israéliens de pouvoir écrire des chansons qui ne soient pas toutes profondément marquées par la situation politique dans laquelle ils croupissent...

Autres évènements cette semaine:

28 novembre 21h Les Trois Arts (P20): Dr. Krollspell (avec Carali), quartet de pointures de rock

28 novembre Duc des Lombards: Jean-Pierre Como, Christophe Wallemme et Aldo Romano, trio de pointures de jazz

29 novembre partout dans le monde: journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien

2 commentaires:

oreille a dit…

Sympathique,sympathique.....un peu "mièvre" comme qualificatif non? Car le reste de l'album me semble un peu plus profond que ça.Meme si j'y pige que dale ! Mais "tu" (je me permet) voulais parler du morceau peut etre ? Bon il n'ont rien inventé (pour l'instant)mais c'est trés bien fait.Alors chapeau bas et quel courage à ces "DAM" palestiniens . En tout les cas ça m'a touché là où j'aime.Merçi pour la découverte et toutes les autres........... A+

Entre les Oreilles a dit…

Oui, bien sûr, je ne qualifie que ce morceau de "sympathique", et uniquement par opposition à "dur", car il y a des raps beaux, efficaces, mais plus "durs" aux oreilles non averties. Celui ci est d'autant plus "sympathique" qu'il contraste avec la situation dans laquelle il est produit... Tant mieux s'il t'a fait découvrir le reste car l'album est maintenant un peu difficile à trouver...

Dror