Mercredi 4 janvier 2012
Bonne année 2012 solidaire, rebelle, juste, révolutionnaire, indignée, décolonisée, populaire, anarchiste, boycotteuse, dénucléarisée, libre, amoureuse, amicale, musicale et pêchue!
La bonne surprise de l'année 2011: les révolutions, Tunisie et Egypte en tête, tout le monde arabe, et ensuite les indignés du monde entier, avec Madrid et New-York en tête.
Le vocabulaire de l'année 2011: al shaab yourid isqat al nizam (le peuple demande la chute du régime) et Irhal (dégage, c'est aussi le titre de la chanson de l'égyptien Ramy Essam, dans laquelle les deux sont prononcés, et ici une version le jour de l'an 2012 sur la place Tahrir au Caire, on sent qu'entre temps les égyptiens ont bien appris les paroles...)
Les bonnes surprises en France: le retour de Zebda, la victoire de Denis Robert, l'arrivée de Siné Mensuel, le BDS culturel, le passage du Sénat à gauche.
La mauvaise surprise de l'année 2011: la modernité qui tue encore à Fukushima
La manipulation de l'année 2011, et on n'en a pas fini: la Crise... installons vite un autre système...
Les morts de l'année 2011: Gil Scott-Heron, Cornell Dupree, Amy Winehouse, Cesaria Evora, John Barry, Al Green (des Green Brothers), J. Blackfoot, Marvin Sease, Pinetop Perkins, Bobby Purify, Howard Tate, Jerry Ragovoy, Nick Ashford, Jerry Lieber, Joe Frazier, Ben Laden, Khadafi, Vaclav Havel, Kim Jong Il...
Les bons débarras de l'année 2011: DSK et Berlusconi
En France, on aimerait bien s'en débarrasser aussi: la guerre en Afghanistan, les responsables de l'affaire Karachi, les mouillés de l'affaire Takieddine, tous les fachos de l'UMP, Nicolas SSarkkkozy, Claude Guéant, Brice Hortefeux, Eric Besson, Thierry Mariani, Eric Raoult, les membres de la droite populaire, et j'en oublie certainement...
La semaine prochaine, mon palmarès musical 2011...
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Quelques autres bilans:
Apocalyptique, par James Petras
Variante avec Didier Super, On va tous crever
Economique, par Frédéric Lordon
Anarchiste, par Pavillon Noir
Variante avec John Lennon et ce Happy Christmas, the war is over...
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Bon alors, d'abord de bonnes nouvelles: Etta James va un peu mieux et Aretha Franklin va se marier pour la troisième fois. En revanche, dernier mort 2011 de la galaxie des soulmen, Bobby Purify (le premier du nom):
I'm Your Puppet
Shake a Tail Feather
Let Love Come Between Us
Lhasa est morte il y a deux ans exactement. Elle s'engageait dans de belles causes. Juste avant sa mort elle avait signé l'appel au boycott d'israel, avec 500 autres artistes Montréalais. Quelques année auparavant, en 2006, elle s'était engagée contre la peine de mort, et avait participé à un petit concert de soutien à Farley Matchett condamné à mort au Texas. Deux chansons de ce concert intimiste à Montréal, avec le guitariste Thomas Hellman ont été immortalisées et publiées sur Youtube. L'image n'est pas fantastique, mais le son est bon, et le document est émouvant. Malheureusement, Farley Matchett était assassiné une semaine après ce concert...
Espérons que son exemple soit suivi par Jane Birkin qui reçoit maintenant une cinquième lettre d'Espagne, en Catalogne, où elle doit donner un concert en Janvier, avant de s'envoler vers israel... sauf si elle annule comme on le lui demande:
1) en Palestine
2) en France et en Belgique
3) en France et en Belgique encore
4) au Maroc
5) en Espagne
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Enfin, un dernier article publié par Emmanuel Dror (aka, moi!)
Rythmes révolutionnaires malgré eux
Emmanuel Dror, Le Courrier (Genève)
SAMEDI 31 DéCEMBRE 2011
http://www.lecourrier.ch/rythmes_revolutionnaires_malgre_eux
Retour sur les révoltes de 2011, portées par de nouveaux sons comme le Grime.
La musique annonce puis accompagne souvent les révolutions par des chants engagés, écrits par des artistes visionnaires. On a pu le voir cette année encore lors des révolutions arabes, avec le rappeur tunisien El General, le chanteur égyptien Ramy Essam, l’humoriste yéménite Adrei, le chanteur algérien Amazigh Kateb, le rappeur marocain emprisonné Lhaqed, ou le compositeur syrien Ibrahim Qachouch, assassiné en juillet dernier. Le plus étonnant est que la musique peut parfois soutenir les révolutions, indépendamment de sa qualité musicale, de la profondeur de ses textes ou même de la volonté de ses auteurs.
En effet, le propre des «musiques de jeunes» est de ne pas plaire aux vieux. La musique qui plaît aux vieux d’aujourd’hui ne plaisait pas aux vieux d’hier, quand les vieux d’aujourd’hui étaient jeunes... Vous suivez? C’est vrai partout et en tout temps. Ainsi, la Soul du chitlin’ circuit américain fut qualifiée de rudimentaire, avec un usage excessif de synthétiseurs et des textes creux, au même titre que la Tecnobrega brésilienne, le Reggaeton portoricain, le Raï algérien, l’Arabesk turc ou, dans une moindre mesure, le Rebetiko grec. Aujourd’hui on entend les mêmes reproches prononcés à l’encontre du Turbo-folk serbe, du Pop-folk bulgare, du Manele roumain, ou de la Pop chinoise. Il est d’ailleurs inutile de chercher des arguments pour défendre tel ou tel style, puisque déplaire est une condition nécessaire afin qu’un nouveau courant s’impose.
Le «grime» dérange
Dans un premier temps, ces musiques sont boudées par les grands médias, voire interdites, avant de devenir des succès populaires, et même financiers. Alors qu’au départ le Ragga a déçu les fans de Reggae, que le Rap n’a pas plu aux amateurs de Funk et que la Techno a choqué les aficionados de Rock, aujourd’hui en Grande-Bretagne, le Grime – littéralement «crasse» –, un mélange ultra vitaminé de tous ces styles, ne plaît ni aux uns ni aux autres. Le Grime, comme le Rap en son temps, a subi les foudres de divers politiciens et des pressions afin d’interdire son passage en radio. Peu importe, encore une fois, que certaines des critiques puissent être justifiées – oui, le Grime utilise une imagerie violente et machiste dans ses clips vidéo –, elles ont pour conséquence d’opposer automatiquement ses fans à une classe qui ne les comprend pas. Une classe politique, sociale et générationnelle qui ignore à quel point la musique n’est que le reflet d’un quotidien, il est vrai, pas toujours rose. A David Cameron qui critiquait son style musical, le «grimeur» Lethal Bizzle répond qu’il a plus d’influence sur les jeunes que le premier ministre britannique, parce qu’il les comprend mieux. Ce type d’opposition frontale a pour effet de placer les musiciens et leurs fans sur la défensive, prêts à accompagner tout mouvement de rébellion quand il se déclenche.
Ensuite, la popularité de ces styles influencera des artistes qui, par ailleurs, ont des choses à dire. Ainsi, de même que le chanteur kurde Ahmet Kaya chante un Arabesk engagé, ou que l’Algérien Cheb Hasni utilise le Raï pour raconter la misère de l’immigration dans sa chanson «El Visa», Lowkey ou le So Solid Crew s’essaient à un Grime qui dénonce le racisme et la violence policière, notamment sur le titre «Broken Silence». Mais paradoxalement, c’est avec un morceau de Grime aux paroles complètement superficielles, «Pow» de Lethal Bizzle, que les étudiants anglais ont protesté en décembre 2010 contre l’augmentation des frais d’inscription à l’université.
Quand les émeutes enflamment à nouveau la Grande-Bretagne l’été dernier, c’est encore au son du Grime. Cette fois, l’insurrection fait suite à l’assassinat du jeune noir Mark Duggan par la police, comme s’il avait été prédit par la chanson du So Solid Crew... Et, alors qu’en février 2011, Bizzle mettait en garde le premier ministre Cameron («il devrait vraiment avoir peur»), en août, il semble complètement dépassé par ce que les jeunes font de sa musique, et il appelle au calme... D’autres «grimeurs» plus politisés justifient eux les incendies et les pillages, face à l’escalade de la violence policière et à la corruption des politiques. Sur ces thèmes, et dans le feu de l’action, Reveal publie le titre «I Predict a Riot».
A propos de la musique populaire actuelle au nord du Brésil, le journaliste Vladimir Cunha explique: «La Tecnobrega n’a pas besoin de messages politiques ou sociaux pour être subversive. L’existence même de cette musique moche et mal faite, qui confronte l’élite locale à des aspects qu’elle préfère ignorer, est déjà en soi une subversion». On découvre ainsi, à côté de la puissance des textes, le pouvoir révolutionnaire de la musique, des mélodies et des rythmes. Si l’on ne peut pas prévoir d’où proviendra la prochaine émeute ou la prochaine révolution, on sait déjà que la musique qui l’accompagnera sera dépréciée, et c’est bien ce qui fait sa force...
Et la musique qui va avec:
El General: Rayes le Bled
Ramy Essam: Irhal
Adrei
Lhaqed: Mgharba Iqu
Amazigh Kateb: 155 Milliards
Ibrahim Qachouch: Irhal
Cheb Hasni: El Visa
So Solid Crew: Broken Silence
Lethal Bizzle: Pow
Reveal: I Predict a Riot
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4 commentaires:
Bonne année à vous et à vos visiteurs. Gardons la rage et le sourire.
Merci!
La rage et le sourire, j'aime bien!
J'ai rajouté quelques mp3 à la chronique d'aujourd'hui, c'est mieux que des liens youtube parfois...
Bonne soirée et bonne année...
Dror
NB: il est chouette ton blog popneuf...
Avez vous reçu mon mail Dror car je n'ai reçu aucune réponse ?
Merci pour les MP3, ça permet d'écouter au lit quand on a pas le temps de regarder les vidéos.
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