mercredi 22 juillet 2015

ELO#202 - Les débuts de Patti Smith


Mercredi 22 juillet 2015

Lisez Just Kids l'autobiographie de Patti Smith. A 21 ans, en 1967, elle rejoint New-York et rencontre Robert Mapplethorpe. Il ne voulait pas être photographe, mais peintre. Et elle ne voulait pas être chanteuse de rock, mais poète. Le guitariste Lenny Kaye propose pourtant à Patti Smith, le 5 juin 1974, d'enregistrer Hey Joe en hommage à Patty Hearst (la célèbre fille de milliardaire, enlevée et devenue sympathisante de ses ravisseurs faisait alors la une des journaux pour ses participations à des braquages meurtriers. Where're you going with that gun in your hand? prend alors un autre sens...), et d'ajouter de la musique à son poème Piss Factory sur l'autre face, pour en faire leur premier 45t.

En avril 1975, avec les mêmes musiciens et sans batteur (Lenny Kaye restera son guitariste toute sa vie, jusqu'à aujourd'hui), elle investit la scène du CBGB à New-York. Pour elle, ce ne sont pas des concerts, mais des improvisations entre une poète, un guitariste et un pianiste, ce sont des "créations musicales". Il en reste quand même quelques pirates comme celui ci du 17 avril 1975 (We're Gonna Have A Real Good Time Together; Redondo Beach; Birdland; Space Monkey; Distant Fingers; Gloria). Elle fait aussi quelques apparitions exceptionnelles, comme à Central Park le 11 mai 1975.

Un peu plus tard, le 28 mai 1975, elle accepte de donner un véritable concert au profit de la radio WBAI avec ses amis musiciens. C'est donc le premier vrai concert de Patti Smith, avant de se consacrer entièrement à la musique, de fonder son groupe, de sortir son premier disque, Horses en décembre 1975, de tourner dans le monde entier, et de devenir célèbre...


Ce document historique, longtemps disponible en pirate, est sorti officiellement en CD en 2014 sous le nom de Depravity. Le son n'est pas trop mauvais, sa voix est bonne, elle parle d'actualité (Patty Hearst encore), raconte beaucoup d'histoires (Scheherazade), et de blagues entre les morceaux. Le répertoire est bon: ce sont des morceaux qui vont peupler ses trois disques suivants, un inédit (Snowball, écrit par Ivan Kral, le bassiste), un morceau du Velvet Underground, un des Marvelettes et un des Quintones... Le CD comprend aussi deux titres enregistrés au concert de Central Park, et des extraits sont en écoute ici:

Elle raconte aussi un peu cette histoire dans ce documentaire, Dream of Life, de Steven Sebring (2008):
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Palestine
 

Dominique Grange offre à la Campagne BDS France l'exclusivité de son nouveau titre consacré à la Palestine: Détruisons le Mur!



Encore une française interdite d'entrer en israel, encore un village palestinien, Susiya, sur le point d'être détruit, et encore une pétition...
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Grèce


Alors que le 6 juillet on croyait au cocktail ouzo-champagne, le 14 juillet on se relève avec une gueule de bois qui n'est pas due au bal des pompiers de la veille. Les informations de Grèce sont déprimantes, décourageantes, tristes pour la Grèce et pour les peuples du monde entier qui se font battre, écraser, voler, humilier et ruiner par les banques...

L'Europe en général et l'Euro en particulier étaient nés d'un engagement de solidarité entre pays européens, où les pays riches aideraient les pays pauvres à s'en sortir. Aujourd'hui, ils sont utilisés pour attacher les mains et enfermer les pauvres sous la coupe des banques. Peut-on encore croire à une quelconque utilité positive à l'Euro, à l'Europe, voire à la démocratie?

Parmi cet océan de mauvaises nouvelles, les articles de Yanis Varoufakis, témoin aux premières loges de la violence en col blanc, analyste fin (et beau!), et enfin libre d'en témoigner publiquement sont une bouffée d'air frais... A la veille de l'accord scélérat, il déclarait déjà: "Pour sortir de l'eurozone, nous devrions créer une nouvelle monnaie à partir de zéro. Dans l'Irak occupé, l'introduction d'une nouvelle monnaie de papier a pris presque une année, 20 Boeing 747s, la mobilisation de la force d'armée des USA, trois sociétés d'impression et des centaines de camions. En l'absence d'un tel support, le Grexit reviendrait à annoncer une grande dévaluation plus de 18 mois à l'avance: une recette pour liquider tout le capital social grec et le transférer à l'étranger de toutes les façons possibles." Au lendemain de l'accord, il le qualifiait à nouveau de Traité de Versailles, ou de Coup d’État, et citait Paul Krugman: "quelle que soit l'opinion que l'on peut avoir de Syriza ou de la Grèce, ce ne sont pas les Grecs ou Syriza qui ont ruiné le rêve d'une Europe démocratique et unie."

Je comprends d'autant mieux cette pétition adressée à François Hollande: Nous voulons Varoufakis !
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Racisme en France

Migrants à Paris: 222 personnalités (dont Juliette Binoche, Omar Sy, Virginie Despentes, Arnaud Desplechin, Pascal Légitimus, Robert Guédiguian, IAM, Elli Medeiros, Jean-Baptiste Mondino, Charlotte de Turckheim...) de la culture se mobilisent
Télérama, le 9 juillet 2015

Si besoin était, encore une étude qui prouve la discrimination à l'embauche que subissent les musulmans (et pas juste parce qu'ils sont pauvres) en France: Laïcité et inégalité : l’hypocrisie française
Thomas Piketty, Libération, 15 juin 2015

L'État et des collectivités locales ont été condamnés, le 27 juin dernier, pour des faits de discriminations et pour violations des droits des enfants roms. Un vrai-faux procès organisé par les associations intervenant sur les bidonvilles de France: « Des enfants brûlent… »
Pierre Duquesne, Habiter la Ville, le 29 juin 2015

Lorsque quelqu'un se fait arrêter par un flic dans une manif, il existe plein de façons de le libérer. Voici 10 exemples, soit pour en admirer l'ingéniosité, soit pour en tirer des leçons: De-Arrests are Beautiful
Mask Magazine, juin 2015
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Joey Starr


Extraits d'une note de lecture de Thomas-Léopold sur l'autobiographie de Joey Starr, Mauvaise Réputation, écrite avec Philippe Manœuvre en 2006:

Il y relate son enfance et ses premières influences, par l'intermédiaire de son père: "de Bob Marley à Eddy Mitchell reprenant les classiques rockabilly. J’ai droit à tous les standards, Mon vieux ou Yellow Submarine et puis de temps en temps, il passe un bon Otis Redding, un Roy Ayers. Les gens des Caraïbes ont toujours baigné dans la soul venue d’Amérique. Et le reggae n’a pas épargné les Caraïbes françaises. Mon père joue du créole, puis sort son arme secrète, le quart d’heure slows avec Eddy Mitchell et La fille aux yeux menthe à l’eau […] Quand il sort le soir, c’est sans rien me dire […] il ne donne jamais d’explications. Ça aurait pu créer une complicité entre nous, de me dire ce qu’il allait faire, même s’il ne m’emmenait pas..." (p. 12). Mais aussi par lui même: "Pour toi, ce qui est bon c’est de se retrouver en dehors du contexte familial, de respirer avec les potes […] On écoute de la musique, on essaye de rentrer en boîte. En vain. Alors on danse dans la cité. Jazz funk, jazz rock, d’un seul coup, cette musique funk devient la nôtre. Les grands sortent de curent de désintox, de prison. Eux sont à fond dans Barry White, James Brown. En âge d’aller en boîte, en concert, ils ont vu Bob Marley au Bourget" (p. 31) "Cet été-là, sur le parvis du Trocadéro, j’ai vu des Américains breaker, notamment un type nommé Sugar Pop qui a fait une démonstration d’une demi-heure. J’ai pris une claque monumentale […] Nous sommes trente jeunes de banlieues diverses à faire attention à ces deux Américains avec un gros poste, en train de danser" (p. 36). Il parle également de reggae: "De ce côté-là, j’ai été pas mal éduqué par LKJ, le poète Linton Kwesi Johnson et d’autres. J’étais même allé le voir en concert à la Mutualité" (p. 78). Et il cite Jimi Hendrix, découvert plus tard: "C’est au Crillon que Béatrice [Dalle] m’a fait découvrir Jimi Hendrix et les cigarettes piégées. Je crois que jamais je n’oublierais jamais cette première fois où, sous freebase, j’ai ré-entendu "Hey Joe" sortant de son petit ghetto-blaster dans la suite cinq étoiles..." (p. 147).

Il y raconte également les déboires de NTM avec la censure. Par exemple, le texte de la chanson Police suscite la polémique en raison des paroles ""Police, machine matrice d’écervelés mandatés par la justice sur laquelle je pisse"  […] Le préfet Marchiani, qui se décrit dans la presse de l’époque comme "représentant de l’état, chrétien et homme" et dort ces jours-ci au quartier VIP de la Santé, avait déjà réussi à déprogrammer notre passage au festival de Châteauvallon". Ces difficultés s’étaient déjà rencontrées avec Charles Pasqua, qui "avait essayé de nous attaquer pour Pass pass le oinj’ (incitation à la drogue) et deux syndicats de policiers pour Police (incitation à la haine anti-flics)" (p. 182).  "C’est pas parce qu’on a sorti J’appuie sur la gâchette qu’il y a eu une recrudescence de suicides chez nos fans. C’est pas non plus parce qu’on a écrit Pass pass le oinj’ que les gens se sont mis à fumer ! Ces événements ont du bon, de ce fait et à cette époque, tout le monde nous reconnaît à notre valeur" (p. 183).

Il raconte sa rivalité avec le groupe de rap marseillais IAM: "Je découvre la première cassette de IAM, Concept, à Nice. Nous sommes en 1989 […] Après la sortie de la compilation Rapattitude, je fais écouter cette cassette à plein de gens, notamment Laurence Touitou de Delabel-Virgin, diverses personnes de chez Sony. J’avais même pratiquement trouvé une maison de disques aux IAM" (p. 123). Il précise que "Artistiquement, on a toujours respecté IAM. Le problème c’est leur attitude, super démagogique, qui nous dérange" (p. 124) mais aussi que "Sur leurs albums j’adore certains morceaux, j’en déteste la plupart. Tout n’est pas bon à prendre, mais quand c’est bon à prendre, pas de soucis, c’est super bon. Sinon bien sûr il y a leur trip pharaonique, source de bien des vannes esclavagistes […] Les IAM ont toujours été conceptuels alors que les NTM arrivaient habillés en profs d’éducation physique. Les IAM n’ont jamais supporté notre regard […] Le problème des IAM, en gros, c’était celui d’une certaine province: ils s’imaginaient qu’on rigolait d’eux toute la journée. Alors que non. On se foutait d’eux quand on les voyait, le reste du temps, IAM, on s’en battait les couilles" (p. 128-129).

Et celle entre Saint-Denis, dont il est originaire, et Sarcelles: "Entre Sarcelles et Saint-Denis, ça a toujours été chaud" avant de préciser que "Mais la vraie embrouille avec Sarcelles et la secte Abdulaï remonte à l’époque des graffitis […] Quand Sarcelles taguait sur Saint-Denis, on venait recouvrir leur marque, évidemment […] Ensuite ils se sont mis à mal parler dans les journaux. Stomy Bugsy, Passi, Gynéco... Ils passaient leur temps à descendre NTM..." (p. 177). "Un jour, je fais un live solo au Bataclan […] avec le groupe rasta RMI et le clavier de Bob Marley, Tyrone Downie. On fait la balance l’après-midi avec Kossity quand, au moment de sortir de la salle, il se fait super mal parler par Djamatik des Neg’ Marrons. Kossity ferme sa gueule […] Très vite, dans les loges, dix mecs viennent sur moi, me poussent, m’asticotent […] Tyrone Downie déboule sur ces entrefaites. Le clavier de Marley a assez d’autorité pour les calmer et arrêter le lynchage. Cet incident du Bataclan ravive la vieille discorde Saint-Denis/Sarcelles" (p. 178-179) avant de conclure sur le groupe des Ministère Ämer, "avant ils étaient soi-disant plus hardcore que nous. Aujourd'hui ils sont prêts à manger à tous les râteliers. L’un d’entre eux fait de la variet’, l’autre est devenu acteur, le troisième fait du zouk. En attendant, moi je fais toujours du hip-hop, et je n’ai jamais cessé d’en faire. J’ai toujours été le vendu mais je n’ai toujours fait que du hip-hop" (p. 179-180).
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Rap en arabe


Même si je ne comprends rien, je trouve ça super!:

Ewlad Leblad, du rap de Mauritanie:



Dizaster vs. Edd Abbas, du rap du Liban:



Et, sur le même sujet, l'exposition sur le hip-hop rate les « printemps révolutionnaires »:
Thameur Mekki, Orient XXI, le 17 juillet 2015
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Deux chansons


Sixty Minute Man, une chanson d'amour et de sexe, par les Dominoes en 1951, et Closure, une chanson d'amour et de rupture, par Jill Scott en 2015...
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Agenda


24-25 juillet 18h Péniche Le Marcounet (14 quai de l'Hôtel de ville, P4): Sambuca Trio
25 juillet Cabaret Sauvage: Soul Stéréo Rub a Dub Party
26 juillet 11h30 la Bellevilloise: Jazz brunch avec Sambuca Trio
26 juillet 18h30 La Villette: Bollywood Orchestra
29 juillet 21h le Café Universel (267 rue Saint Jacques, P5): Sambuca Trio
29 juillet Maison des Métallos: Fanfaraï
31 juillet Duc des Lombards: Aziz Sahmaoui

11-12 août Sunside: Eric Legnini
13-15 août Sunside: Giovanni Mirabassi
17-19 août Duc des Lombards: Bireli Lagrène
28-29 août Sunside: René Urtreger

3-13 septembre La Villette: Jazz à La Villette avec entre autre Malted Milk, Toni Green, Lee Fields, Steve Coleman, Magik Malik, Camille, Sandra Nkaké, Archie Shepp, Melvin Van Peebles, Heliocentrics, Toni Allen, Mos Def, Robert Glasper, The Bad Plus, Romano-Sclavis-Texier,
4-5 septembre Sunside: Laurent De Wilde
10-12 septembre Sunset: Stéphane Belmondo
11-13 septembre La Courneuve: Fête de l'Huma avec Manu Chao, Tikken Jah Fakoly et d'autres...
12 septembre Sunside: Manu Le Prince
23 septembre La Boule Noire: Eli Paperboy Reed

17-18 octobre Sunside: Dee Alexander
19 octobre New Morning: Lucky Peterson
30 octobre New Morning: Lizz Wright

2 commentaires:

Pop9 a dit…

Un tour chez toi, c'est jamais du temps perdu.
Bonne soirée !

Entre les Oreilles a dit…

Hey, merci!

(je rougis)