mercredi 6 octobre 2010

ELO#20 - BDS: Souvenez vous de ces trois lettres...

Mercredi 6 octobre 2010

Le boycott d'Israël par les artistes de Montréal fait tache d'huile
DROR
Le Courrier de Genève, Mercredi 29 Septembre 2010
http://www.lecourrier.ch/index.php?name=News&file=article&sid=446969

En soutien à la lutte des Palestiniens, de plus en plus de personnalités refusent de se rendre en Israël. Une stratégie similaire à celle utilisée contre l'Afrique du Sud au temps de l'apartheid.

Les manifestations qui se sont produites en réponse aux violents bombardements sur Gaza, il y a près de deux ans, ont suscité de nouvelles initiatives non violentes visant à soutenir la lutte des Palestiniens. Parmi celles-ci, on peut citer les assignations en justice de présumés criminels de guerre israéliens, les missions civiles en Palestine pour témoigner de la brutalité de l'occupation militaire, les missions humanitaires pour rompre le blocus de Gaza ou la campagne de «boycott, désinvestissement et sanctions» (BDS) contre l'Etat israélien. Cette dernière reprend la stratégie de boycott mise en oeuvre contre l'Afrique du Sud, dans les années 1980, en dénonçant les discriminations subies par les Palestiniens, qualifiées d'apartheid. Bien que le BDS soit né d'un appel lancé par la société civile palestinienne en 2005, c'est depuis l'attaque meurtrière de l'armée israélienne sur la flottille humanitaire au large de Gaza, fin mai 2010, que la stratégie BDS a le vent en poupe. Elle affirme que chaque citoyen a un rôle à jouer: en tant que consommateur, professeur, artiste, sportif ou autre, chacun est responsable de ses actions et peut refuser celles qui renforcent le pouvoir répressif de l'Etat d'Israël. Le boycott le plus connu est celui des produits israéliens, comme les cosmétiques Ahava, ou d'entreprises européennes participant à la colonisation, comme Connex qui construit un tramway dans la partie de Jérusalem que l'Etat israélien annexe illégalement. Mais cette campagne se décline également sous d'autres formes, universitaires, sportives et culturelles. Enfin, au-delà de cette prise de conscience individuelle, le BDS est une campagne de pression, en particulier médiatique, qui permet de rappeler les violations répétées du droit international et des droits humains à l'encontre des Palestiniens.

L'exemple de Sun City

Sur le plan culturel, les initiatives s'inspirent des musiciens qui, dans les années 1980, revendiquaient qu'ils «n'iraient pas jouer à Sun City», en Afrique du Sud. Ce mouvement prend une ampleur considérable: il n'est pas une semaine sans qu'on apprenne qu'un artiste de premier plan annule un voyage prévu en Israël, profitant parfois de l'occasion pour écrire de véritables pamphlets dénonçant les conditions dans lesquelles vivent les Palestiniens, sous occupation israélienne ou en exil. Rien que cette année, l'actrice Meg Ryan, les écrivains Henning Mankell, Iain Banks et Alice Walker, les musiciens Carlos Santana, Elvis Costello, Gil Scott-Heron et les groupes The Klaxons, Gorillaz et The Pixies ont renoncé à se rendre en Israël. Pour des raisons similaires, le mois dernier, plus de 150 artistes irlandais se sont engagés par écrit à boycotter Israël, rappelant l'initiative des 500 artistes montréalais, déjà évoquée dans nos pages(1). Tout récemment, c'est le groupe anglais Massive Attack qui a rejoint ce mouvement. Son chanteur, Robert Del Naja, déclarait: «Je ne peux pas jouer en Israël alors que les Palestiniens n'ont pas accès aux mêmes droits fondamentaux que les Israéliens.»

Pétition israélienne

Même en Israël, le boycott devient un moyen jugé pertinent de s'opposer à la poursuite de la colonisation par le gouvernement d'extrême droite dirigé par Benyamin Netanyahou. Ce mois-ci, alors que certains en Europe s'opposent en particulier au boycott universitaire et culturel, 150 universitaires, écrivains, artistes et acteurs israéliens ont signé une pétition appelant à refuser de se produire dans les colonies des territoires occupés en 1967. Aux côtés d'intellectuels connus pour leur engagement contre l'occupation, tels Niv Gordon, Gideon Levy ou Shlomo Sand, on trouve des personnalités généralement plus discrètes comme l'historien Zeev Sternhell ou les écrivains renommés David Grossman, A.B. Yehoshua et Amos Oz. Alors qu'elles étaient sévèrement critiquées par le gouvernement israélien, ces personnalités ont reçu une lettre de soutien de 150 autres artistes, étasuniens et anglais, dont Vanessa Redgrave, Cynthia Nixon ou Tony Kushner.

La limitation du boycott aux seules colonies est défendue par certains groupes de solidarité qui demandent la fin de l'occupation illégale de la Cisjordanie, de Gaza, de Jérusalem-Est et du Golan, le démantèlement du Mur et la levée du blocus de Gaza. Les partisans d'un boycott total rappellent quant à eux que les discriminations touchent également les Palestiniens à l'intérieur des frontières d'Israël. Enfin, la résolution 194 de l'ONU stipule le respect et la mise en oeuvre du droit au retour des réfugiés palestiniens dans leurs maisons. Selon la campagne BDS, ces deux points justifient de faire pression sur les institutions israéliennes, y compris à l'intérieur des frontières de 1948: en effet, n'aurait-il pas été absurde, à l'époque de l'apartheid, de ne boycotter que les bantoustans et pas le Cap, Johannesburg ou... Sun City?

La culture est une arme utilisée de part et d'autre. L'Etat d'Israël ne s'y trompe pas, qui non seulement tente de contrer la campagne BDS, mais multiplie également les festivals, expositions et autres manifestations artistiques ou sportives pour tenter de redorer son blason. De son côté, la campagne BDS appelle à ne pas participer à ces évènements, où qu'ils aient lieu: dans les colonies, en Israël ou même en Europe. De fait, ces manifestations culturelles ne sont plus anodines: on y participe ou pas mais, dans les deux cas, la décision revêt un sens politique. Si de plus en plus d'artistes répondent positivement à l'appel au boycott, celui-ci s'adresse désormais également aux simples spectateurs, citoyens responsables...

(1) Le Courrier du 7 avril 2010.


Quelques liens:
Cinq cents artistes montréalais contre l'apartheid israélien
Cent cinquante artistes irlandais s'engagent à boycotter Israël
Cent cinquante artistes israéliens boycottent les colonies israéliennes
Cent cinquante artistes américains et anglais soutiennent les 150 artistes israéliens
Appel de l'Autorité palestinienne à boycotter les produits des colonies
Appel des Palestiniens au boycott universitaire et culturel d'Israël
Appel des Palestiniens au BDS contre Israël
Relais français de la campagne BDS internationale
Relais genevois de la campagne BDS internationale
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BDS : du boycott aux sanctions
Xavier Renou
La Mèche, mercredi 22 septembre 2010
http://lameche.org/

Avec les Désobéissants, dont il est le porte-parole, Xavier Renou apporte son soutien à une multitude de causes trop souvent négligées par les médias. La Mèche lui ouvre donc ses pages, afin qu'il y raconte les actions menées et, comme c'est le cas ici pour des militants qui soutiennent le peuple palestinien, les difficultés auxquelles les citoyens peuvent se trouver confrontés lorsqu'ils se risquent à désobéir, même pacifiquement.

Ça doit être la saison, les procès pleuvent. Bon, ça ne vous étonnera pas, les gouttes ne tombent pas sur tout le monde quand même. Même lorsque la Justice s’intéresse à eux, Woerth, ou Besson et Hortefeux, s’en tirent généralement sans accros. Mais les militants français de la campagne Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS), eux, commencent à sentir le vent du boulet. La délicieuse Michèle Alliot-Marie, qui s’est déjà distinguée dans l’affaire des ultra-épiciers de Tarnac, leur a déclaré la guerre. Cette fois, ce n’est pas l’arlésienne du terrorisme qu’elle agite, mais la provocation à la discrimination et à la haine raciale, rien de moins. Le truc n’est plus très neuf, mais il marche encore : accusez, accusez, même de racisme et des militants de la solidarité, il en restera toujours quelque chose.

Faut dire qu’ils font fort, les militants de la Palestine : pour s’opposer à la vente de produits israéliens fabriqués dans les colonies, et inciter les entreprises occidentales à cesser leurs relations avec Israël, ils multiplient les intrusions ludiques et spectaculaires dans les hypermarchés Carrefour, histoire de décourager ceux-ci de vendre les fruits et légumes Jaffa et Carmel-Agrexco, auxquels il est reproché d’être directement produits sur des terres agricoles confisquées aux Palestiniens. Les magasins parfumés au cocktail pétrochimique de la chaîne Sephora ont également croisé le chemin de ces intrépides activistes qui ont convaincu pas mal de clients de se détourner des produits cosmétiques Ahava, dans la mesure où ils viennent du côté palestinien de la Mer Morte. Il arrive même que la question palestinienne s’invite chez le roi du crédit illimité et du lave-vaisselle pour nouveaux mariés, Darty : dans les magasins de cette enseigne sont vendus sous la marque allemande Brita des gazéificateurs d’eau ainsi que des accessoires fabriqués par un fournisseur israélien, Soda-Club, dont le site de production est situé à Mishor Adumin, une colonie de 35 000 habitants implantée en Cisjordanie. La liste ne serait pas complète si l’on n’évoquait pas les sympathiques chahuts organisés chez les encravatés de Dexia, la petite banque nécessiteuse à laquelle Sarkozy avait refilé trois milliards pendant la crise... accusée d’en avoir partagé une partie avec une bonne dizaine de colonies israéliennes.

En tant que telle, la campagne BDS, lancée en 2005 par 170 organisations de la société civile palestinienne, n’est pas bien différente de celle qui contribua jadis à mettre fin à l’apartheid. Aux grandes heures du racisme en short hollandais, alors que tous les gouvernements occidentaux se vautraient dans des formes plus ou moins dissimulées de soutien au régime de Pretoria, l’Europe militante, elle, s’était bougée pour boycotter les oranges Outspan et les échanges culturels et sportifs avec l’Afrique du Sud, et convaincre certaines entreprises occidentales de retirer leurs investissements. Certaines de ces entreprises font aujourd’hui l’objet de poursuites aux États-Unis pour leurs agissements aux côtés de l’apartheid...

Sauf qu’au lieu de voir Carrefour et consorts sanctionnés, ce sont les partisans du boycott qui sont aujourd’hui traînés devant les tribunaux par le gouvernement et diverses coquilles vides spécialisées dans le harcèlement judiciaire des militants de la cause palestinienne. La militante de la Ligue des droits de l’Homme de Bordeaux, Sakina Arnaud, a déjà pris 1 500 Euros d’amende en première instance, et passe en appel le 24 septembre. En octobre, on jugera des militants à Perpignan, d’autres à Paris, et même la sénatrice verte Alima Boumediene-Thiery. Le 29 novembre, c’est à Mulhouse que se poursuivra le combat judiciaire et politique pour la défense du droit à boycotter les produits issus de colonies. Pendant ce temps, la caravane humanitaire et désobéissante de l’ancien député britannique George Gallaway, Viva Palestina, traverse l’Europe en direction de Gaza, et le collectif Les Juifs européens pour une paix juste collectent de l’argent pour affréter un nouveau bateau pour Gaza. Un bateau à bord duquel n’embarqueront que des militants d’origine juive, histoire de tester les nerfs des commandos israéliens, et de donner un peu le mal de mer à une certaine Michèle Alliot-Marie, la ministre qui voit des antisémites partout...

Xavier Renou
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Carlo Santulli, directeur de La Mèche, affronte le jeune loup de l'UMP, Benjamin Lancar:
http://www.wat.tv/video/buzz-2-benjamin-lancar-vs-328vf_2exyh_.html
C'est juste les 8 premières minutes, et ce n'est pas passionant, mais ça permet de voir leurs têtes que vous ne connaissez peut-être pas...

Sinon toujours Didier Porte:
http://www.dailymotion.com/video/xf13p2_oser-insinuer-que-sarkozy-aime-les_news

Et Siné, le film:
10 octobre 20h Le Mélies (Montreuil): MOURIR ? PLUTOT CREVER ! avec Siné
13 octobre L'Espace Saint-Michel (Paris): MOURIR ? PLUTOT CREVER ! avec Siné
13 octobre Partout ailleurs: MOURIR ? PLUTOT CREVER !
Plus d'infos sur: http://www.mourirplutotcrever.com/

Désolé, pas de mp3 cette semaine...

2 commentaires:

Wroblewski a dit…

Vu Mourir plutôt crever lundi à Saint-Ouen-l'Aumône. Un grand moment de bonheur, je me sentais en famille. Et puis ça m'a permis de voir les têtes des gens dont je ne connaissais que les écrits. Bon y a bien eu les photos du dernier Siné hebdo, mais là par exemple on te voit parler avec Siné d'Hara-kiri lors d'un joyeux banquet, c'est sympa. Du coup cette nuit, mon fils ne dormant pas à cause de ses dents, je me suis fait Choron dernière de Pierre Carles en DVD, ou on revoit bien Siné aussi, jeune et actuellement. Et puis l'abominable Val.
Je comprends qu'avec l'entrée en vigueur d'Hadopi tu veuilles nous préserver d'éventuelles poursuites et je t'en remercie(pour l'absence de mp3). Tant pis, je retourne à Motörhead ;-)

Entre les Oreilles a dit…

Il n'y avait juste aucun mp3 de compatible avec les chroniques de la semaine dernière, mais ils reviendront, au cas par cas...

Pour la mort de Solomon Burke, par exemple, il y en a 3, cachés dans le texte...

Bonne écoute!

Dror