De retour du festival de flamenco de Jerez 2013...c'est toujours aussi bien, même si la météo n'était pas toujours au rendez-vous. Bon à savoir aussi: le premier week-end n'est pas le meilleur. Mais on trouve quand même de quoi s'occuper entre les oreilles, comme en témoigne ce petit reportage en exclusivité pour vous (avec quelques photos empruntées à Anaïs)...
Jeudi 21 février 2013
Après un petit set de El Momo (dont j'apprendrai par la suite que c'est le neveu de El Torta, l'un des plus grands chanteurs de Jerez) au bar Dama Juana, et un petit dîner à la Gitaneria, calle Ancha, on se rend à la Taberna Flamenco, derrière l'Eglise Santiago (l'un des deux quartiers gitans de Jerez). On y rencontre un "petit" groupe, sans amplification, dont on va se rendre compte peu à peu que plusieurs membres sont des stars de familles célèbres de gitans de Jerez, que tout le monde s'arrache et qu'on retrouvera pendant tout le week-end. En particulier les jeunes et beaux danseurs, Salome Ramirez et Fernando Jimenez. Mais surtout les deux chanteurs Joaquin Marin "El Quini" et Manuel Soto Carrasco "El Maloko" Sordera. De la même famille que El Maloko, on retrouve à la guitare Antonio Carrasco "Nonito Jero". El Maloko, qu'on avait vu l'an dernier à la Buena Gente, est le petit fils de Manuel Soto, El Sordera de Jerez, autre grand chanteur. Nonito est issu d'une longue lignée de guitaristes de Jerez qui comprend Manuel Jero, Diego Carrasco, Periquin Jero et Manolito Jero.
Ici Salome Ramirez est mise en avant dans une Alegria en deux parties:
Vendredi 22 février 2013
Après un petit set de Luis Moneo au Tabanco el Pasaje, calle Santa Maria, on se rend au Bereber, calle de las Cabezas. C'est une discothèque clinquante au public bling-bling, mais qui contient aussi une petite pena flamenca décorée de portraits en céramique des héros du flamenco. Ce soir on devait entendre le grand El Torta, mais en venant, on sait déjà qu'il a annulé. On ne sait pas en revanche qui le remplacera et le groupe annoncé n'est que partiellement le bon. En tout cas, on reconnaît déjà nos amis Salome Ramirez et Fernando Jimenez à la danse et Nonito Jero à la guitare!!! Quant aux trois chanteuses, ce sont toutes des stars de Jerez: Mara Rey, Felipa del Moreno et Ana de los Reyes.
Lors de la première Alegria chantée par Felipa del Moreno, une autre danseuse se lève, et tout le monde l'acclame "Rocio!", c'est Rocio Marin:
Lors de la Solea qui suit, c'est Mara Rey qui chante. C'est la sœur du guitariste Antonio Rey, et c'est elle aussi qui semble diriger ce groupe d'un soir. A la danse c'est donc Fernando Jimenez:
Salome Ramirez est de nouveau mise en avant pour une Alegria, chantée par Ana de los Reyes (dont l'embonpoint n'empêchera pas de danser avec émotion, intensité et grâce, plus tard dans la soirée):
Samedi 23 février 2013
Retour à la Gitaneria, dans le quartier de Santiago, samedi soir pour y dîner mais aussi pour découvrir la nouvelle salle du fond aménagée pour accueillir des concerts de flamenco. Ce soir c'est le premier de la série, avec Luis Malena au chant, et j'espère que les suivants seront meilleurs... On traverse la ville pour rejoindre la Guarida del Angel, près de la Plaza de las Angustias, une espèce de centre culturel du quartier de San Miguel (l'autre quartier gitan de Jerez) qui accueille une exposition de photos du guitariste Moraito par Ana Palma. Mais la soirée est aussi consacrée à la famille Nunez/Jero/Carrasco. La star est Manuela Nunez, grande danseuse choisie par Carlos Saura alors qu'elle était toute jeune pour figurer dans son grand documentaire sur le flamenco, lors de la partie sur les Bulerias de Jerez. L'autre star est sa fille de 5 ans, Triana, jeune prodige et sensation du festival 2012 (entre autres grâce à ma vidéo vue plus de 20.000 fois en deux mois!). Mais toute la famille est là, à commencer par la sœur de Manuela, Antonia Nunez au chant, et d'autres cousines qui, chacune leur tour, s'essayeront à un petit pas de danse à la fin du concert. Triana étant la fille de Manolito Jero (donc la petite fille de Periquin, et l'arrière petite fille de Manuel Jero), on retrouve aussi les Jero/Carrasco/Sordera avec Maloko Sordera au chant et Anné Carasco au cajon. Les autres ne nous sont pas non plus inconnus puisqu'on retrouve El Quini et El Momo au chant. Le tout complété par le guitariste Jesus Alvarez, qui n'est pas non plus un débutant comme on peut s'en douter. Le concert commence très en retard, vers 1h du matin, alors qu'on entend la petite famille répéter dans les coulisses. La prise de son étant mauvaise, les chanteurs décident de chanter sans micro, pour notre plus grand plaisir...
On commence par une Alegria dansée par Manuela Nunez:
Arrive l'heure du Fin de Fiesta, pour le groupe sur scène, avec
la mère et la fille, mais aussi pour toute la famille qui, a cappella,
se lance dans une série de courtes démonstrations du talent qui inonde
cette famille. Il est 2h30 du matin, mais certains enchaînent avec une
autre pena où un autre concert vient de commencer...
Flamenco
A propos de Flamenco, cet article très intéressant bien que les origines des Gitans d'Andalousie soient plus controversées que ce que raconte Paco:
Les évolutions du flamenco le ramènent toujours à son essence
2 janvier 2013 - AutreFutur
Il signale, et j'aurais a priori été d'accord avec lui, que les femmes ne sont jamais guitaristes. Ce concert d'une heure et demi de Marco Flores nous apporte pourtant un démenti avec Antonia Jimenez et Bettina Flater à la guitare:
Marco Flores présente De Flamencas
19 janvier 2013 - Festival de Flamenco de Nîme
Enfin, un guide pour les sorties flamenco en France et en Espagne:
http://www.guiaflama.com/
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Venezuela
Hugo Chavez, héros au Vénézuela et porteur d'espoir bien au delà, est mort à 58 ans. Espérons que la révolution bolivarienne lui survive... Rappelons que:
-Le gouvernement Chavez a augmenté les dépenses sociales de 60.6%.
-Il a réduit l'inégalité de 54%, la pauvreté de 44%, du niveau de 70.8% (1996) à 21% (2010). Et l'extrême pauvreté est passée de 40% (1996) à 7.3% (2010). Près de 20 millions de personnes ont bénéficié des programmes gouvernementaux de lutte contre la pauvreté.
-A l'heure actuelle 2.1 millions de personnes âgées perçoivent des pensions de vieillesse, contre 387.000 avant le gouvernement actuel.
-Le gouvernement bolivarien a mis un accent particulier sur l'enseignement en le finançant à hauteur de 6% du PIB.
-L'UNESCO a reconnu que l'analphabétisme a été éliminé.
-Tandis qu'en 1980 90% de la nourriture était importée, aujourd'hui on n'en importe que 30%.
-Cinq millions de vénézuéliens reçoivent de la nourriture gratuite, quatre millions d'entre eux sont des enfants scolarisés.
-La malnutrition n'est plus que de 5%, et la malnutrition infantile qui était de 7.7% en 1990 est aujourd'hui de 2.9%.
-Le taux de mortalité infantile est passé de 25 pour 1000 (1990) à seulement 13/1000 (2010)
-En 1998, on comptait 18 médecins pour 10.000 habitants, on en compte actuellement 58 pour mille.
-S'il a fallu plusieurs décennies aux gouvernements antérieurs pour construire 5.081 cliniques, en 13 ans à peine le gouvernement bolivarien en a construit 13.721 (soit une augmentation de 169.6%)!
-Les plus importantes étapes économiques de ces dix dernières années comprennent la réduction du chômage de 11.3% à 6.4% (décembre 2012); la multiplication par deux du nombre de personne bénéficiant de la sécurité sociale ; la réduction de la dette publique de 20.7% à 14.3% du PIB.
-L'inflation qui fut endémique pendant plusieurs décennies, atteignant des taux de 80%, a suivi une courbe descendante depuis quatre ans, atteignant 13.7% pour le dernier trimestre de 2012.
-L'Indice de Développement Humain des Nations Unies situe le Venezuela à la 61ème place sur 176 pays, avec une avancée de sept places en 10 ans.
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Palestine
Cinquième et dernière session du Tribunal Russell pour la Palestine à Bruxelles les 16 et 17 mars 2013 à l'Auditorium du Passage 44, 44 boulevard du Jardin Botanique, 1000 Bruxelles, avec le samedi 16 mars à 18h30 un concert avec Miguel Angel Estrella, Mouss et Hakim, et quelques discours de membres du jury (Roger Waters, Mairead Maguire, Cynthia McKinney, Dennis Banks, Pierre Galand, Angela Davis, John Dugard, Michael Mansfield, Ronnie Kasrils, Anthony Gifford, Jose Antonio Martin Pallin, mais pas Stéphane Hessel, décédé entre temps)
A l'ultime étape de sa longue vie mouvementée, Stéphane Hessel avait identifié LE combat qui devait selon lui être mené de nos jours, celui en faveur des droits des Palestiniens. Un article du Monde revient sur cet aspect de sa vie. Ses obsèques auront lieu le jeudi 7 mars à 12h30 au cimetière du Montparnasse, entrée 3 boulevard Edgar-Quinet.
Shuggie Otis est le fils de Johnny Otis, légende de la guitare soul et compositeur de quelques tubes, dont Strawberry Letter 23. Assez discret depuis plusieurs années, il a commencé une tournée mondiale qui est passée par Paris il y a peu de temps. A part la date prévue en israel en mai mais qu'il vient d'annuler, il continue d'ailleurs sa tournée dans le monde entier.
Emad Burnat, l'auteur de Cinq Caméras Brisées, n'a pas eu l'Oscar du meilleur documentaire. Mais il a même failli ne pas pouvoir se rendre à la cérémonie, bloqué par des américains tout aussi arabophobes que leurs collègues israéliens, et qui n'ont pas créé autant de problèmes au monteur (et co-producteur) israélien du film...
Après que Time Magazine a choisi pour "photo de l'année 2012" un cliché pris par Bernat Armangué à Gaza, c'est maintenant le "World Press 2013" qui récompense une photo prise à Gaza par Paul Hansen... la détresse des Gazaouis, c'est photogénique et vendeur!
Une version pro-palestinienne du Harlem Shake:
Mali
Au Mali le plus dur reste à faire
14 février 2013 - Le carnet de Colette Braeckman
Expédition coloniale au Mali: le bourbier prend forme...
22 février 2013 - Al Jazeera
Nous, les soldats maliens, sommes des morts-vivants
25 février 2013 - Eros Sana, Basta
Et le pompon (honteux, presque risible tellement c'est indécent et cynique): l'UNESCO a remis son prix Houphouët-Boigny à François Hollande pour la "recherche de la paix" en Afrique et au Mali...: Mali: le crime récompensé
22 février 2013 - Russia Today
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Musique
Exercice amusant de sociologie de la musique, où le jeu consiste à trouver les biais d'une étude qui perpétue des préjugés débiles. Au passage, on apprend que le R&B est devenue une musique "conventionnelle", contrairement au rap:
http://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/02/14/j-aime-le-rap-je-vais-redoubler-et-devenir-delinquant_1832924_1650684.html
http://pierremerckle.fr/2013/02/j-aime-le-rap/
Manuel Valls fait tout pour ressembler à ses prédecesseurs et s'attaque aussi aux rappeurs:
http://www.politis.fr/Manuel-Valls-rejoint-la-croisade,21090.html
http://www.numerama.com/magazine/25163-manuel-valls-veut-s-attaquer-au-rap-agressif-sur-internet.html
Donald Byrd live a Montreux en 1973 (50 minutes):
http://www.bluenote.com/spotlight/donald-byrd-live-at-montreux-july-5-1973
La nouvelle compile de ballades de Otis Redding (35 minutes):
https://soundcloud.com/fantasylabelgroup/sets/otis-redding-lonely-and-blue
Le dernier album du duo Lady:
http://www1.rollingstone.com/hearitnow/player/lady.html
Same Love (en français "Mariage Pour Tous") de Macklemore, Ryan Lewis et Mary Lambert, sorti en 2012 et ici avec sous-titres en français:
Nouvelle version d'une vieille chanson de Prince, I Could Never Take the Place of Your Man, Chicago 2012:
Bad Trip, un morceau funky blues de Bo Diddley en 1972. Quarante ans plus tard, The Relatives un groupe de gospel psychédélique, oui, oui, ça existe, le reprend...
Allez, et deux dictons pour finir:
"Deux dangers ne cessent de menacer le monde : l'ordre et le désordre" (Paul Valéry)
On ne dit plus "Je ne sais pas si c'est du lard ou du cochon" mais "Je ne sais pas si c'est du bœuf ou du cheval"...
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