mercredi 8 avril 2020

ELO#403 - Sunshine When He's Gone


Dror, Entre Les Oreilles, le 8 avril 2020

Bon apparemment, ça n’a rien à voir avec le cocovivi, c’est juste la mort qui est venu relever les compteurs à 81 ans... Bill Withers est mort cette semaine...

L’un de mes héros musicaux, ce mec est aussi l’un de mes héros tout court, pour l’intégrité de son parcours.

Son premier disque était un peu un accident, il n’était plus si jeune et voulait surtout écrire pour les autres, mais ses « démos » étaient tellement bonnes qu'une maison de disque à décidé de l’enregistrer lui même... Il a ensuite fait 8 disques en 8 ans. Un par an entre 1971 et 1978, dont un live au Carnegie Hall (super d’ailleurs, de même que son passage au Zaïre pour le concert accompagnant le match de boxe de Mohamed Ali...).

Au début des années 1980, une nouvelle maison de disque lui confie un nouveau directeur artistique qui veut changer son style de musique. Dégoûté, il quitte le milieu.

Mais ses 8 disques recèlent un nombre incroyable de chansons qui sont de véritables écrins mélodieux, des bijoux de simplicité, de justesse et de beauté qui, forcément, s’impriment dans votre mémoire dès la première écoute. Elles sont aussi de gourmandes tentations pour d’autres chanteur.ses qui se sont précipités dessus pour les reprendre. Avec ça, il gagnait très correctement sa vie, par les simples droits d’auteur qu’il percevait.

Alors plutôt que de courir après l’argent, ou après le succès, en pervertissant ce qu’il avait envie de dire, il finissait par reconnaître avec modestie qu’il n’avait peut-être en fait plus grand chose de nouveau à dire, et qu’il ne voulait pas se contenter de ressasser ses vieux succès sans cesse... Timide, il en avait assez de forcer sa nature alors... il n’a plus jamais rien fait de commercial, ni chanson, ni concert. Rien (ou presque).

Il a décidé de vivre sa vie d’être humain, et pas de star, avec sa femme et ses deux enfants, dans un certain confort mais bien en dessous de ce à quoi il aurait pu prétendre, refusant toutes les perches qu’on lui tendait, en cherchant un bonheur aussi simple qu’étaient ses mélodies, dans l’anonymat, la tranquillité, et la modestie, dans tous les sens du terme.

A l’approche de ses 70 ans, il y a une dizaine d'années donc, Bill Withers se laisse interviewer, revient sur les différentes étapes de sa vie, son enfance, son bégaiement, son passage à l’armée, et des réflexions, toujours aussi savoureuses... Il en résulte un chouette documentaire d’une heure, Still Bill, où on le voit entre autres retourner en Virginie, discuter avec Cornel West et Tavis Smiley, invité par une fondation pour jeunes bègues, passer une soirée avec eux et verser une larme, puis une autre larme quand sa fille chante, puis écrire une chanson avec Raùl Midon, enfin le soir où il accepte de rejoindre son ami guitariste Cornell Dupree sur scène pour chanter juste deux couplets de son morceau Grandma’s Hands. A un moment, sa femme dit qu’il y a chez lui plein de cassettes où il a enregistré des choses...

Still Bill - The Bill Withers Story (1h10, 2009, USA, réalisé par Damani Baker et Alex Vlack)


En effet, depuis peu, le showbiz s’est mis à le célébrer, lui donner des prix, l’inviter à des cérémonies. La plupart du temps il refuse, mais parfois il vient et alors tout le monde se demande s’il va monter sur scène. Et puis non. Il est bien dans le public, simple spectateur, simple humain.

Il donne quand même quelques interviews, et on découvre en plus, que c’était quelqu’un de très drôle et un très fin analyste de la situation mondiale, tant au niveau du showbiz que de la politique, et c’était toujours un plaisir de le lire ou de l’écouter...

En quelque sorte, ça faisait 40 ans qu’il était confiné chez lui, en Californie. Et c’est maintenant que le monde entier se confine, qu’il décide de tirer sa révérence. Bon, ça ne changera pas grand chose pour nous puisqu’il ne chantait plus, mais je suis triste, et en plus je n’ai pas tant de disques que ça pour m’y plonger.

Cela dit, avec Bill Withers, il se passe toujours la même chose. Les gens disent : « qui ça ? je ne connais pas » et puis on passe 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 chansons, et en fait les gens les connaissent toutes, mais ne savent pas qu’elles étaient de lui... On essaye ?

Who is He (And What Is He to You ?), que vous connaissez sûrement par la BO de Jackie Brown

Ain’t No Sunshine (When She’s Gone)
Lonely Town Lonely Street
Grandma’s Hands (très belle chanson sur sa grand mère)
Use Me
Let Me In Your Life
Lean On Me (chanson d'amitié)
Harlem
Pour ces morceaux, il y a ce fameux concert d’une demi heure à la BBC en 1973, donc à la même période que le concert au Carnegie Hall.

Friend of Mine (version Carnegie Hall)

Better Off Dead (version Carnegie Hall)

I Can’t Write Left-Handed (chanson sur la guerre du Viet Nam, version Carnegie Hall)

Hope She’ll Be Happier (version au Zaïre):

The Same Love That Made Me Laugh

Hello Like Before

Lovely Day

Just the Two of Us (en fait un morceau de Grover Washington, le saxophoniste)

Allez, une petite dernière, pas sa meilleure, Apple Pie avec... Michel Berger !

Du coup, j’avoue que pour une fois je vous conseille un best of, ou le Live at Carnegie Hall qui est, en quelque sorte, un best of aussi...

Bonne écoute !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci Dror, pour le texte et la playlist! Bises.